Face à une démographie médicale qui atteint « un niveau critique », l’Académie de médecine recommande d’envoyer les jeunes confrères fraîchement diplômés exercer un an de salariat dans les zones sous-denses, dans le cadre d’un « service médical citoyen ».
Dans une prise de position votée à la majorité le 16 décembre, les académiciens imaginent ainsi l'instauration d'une année salariée – « calquée sur la grille indiciaire des praticiens hospitaliers » – qui concernerait tous les médecins nouvellement diplômés, « dans le cadre limité d’un engagement contractuel ». « Le service médical citoyen permettrait de renforcer la médicalisation des zones sous-denses et d’éclairer le choix de carrière des jeunes médecins par une expérience de terrain », assument les sages.
Répartition « en fonction des besoins locaux »
Ce renfort serait organisé conjointement par les agences régionales de santé (ARS), les facultés de médecine, les médecins et les élus, « en fonction des besoins locaux », poursuit l'Académie. Cette mesure fléchée vers les zones fragiles devrait faire bondir une partie des carabins, déjà mobilisés contre l’allongement de l’internat de médecine générale, à effectuer « en priorité » dans les zones sous-denses.
Pourtant, la prise de position de l’Académie se veut un contre-pied aux percées coercitives, insistent les académiciens, qui recommandent ainsi « que la liberté d’installation et le choix éclairé du parcours professionnel des jeunes médecins soient respectés ». Les sages tiennent toutefois à rappeler que « 30 % de la population vit dans un désert médical et que cette pénurie s’accentuera jusqu’en 2024 avec un rétablissement de la densité seulement d’ici à 2033 », écrivent-ils, citant un rapport sénatorial de mars dernier.
Soutien au logement
Dans sa prise de position, l’Académie insiste sur l'importance de l'accueil, dans de bonnes conditions, des jeunes diplômés durant cette année de service citoyen. Elle invite les collectivités locales à mettre la main à la poche, en prenant à leur charge les locaux, les frais de fonctionnement ou de déplacements des jeunes confrères.
Les territoires « offriront au médecin et à sa famille une aide logistique », insistent encore le rapport, citant le logement, « l’inscription prioritaire des enfants en crèche et à l’école » ou « éventuellement » des aides à l’emploi du conjoint.
Ce service médical citoyen est issu de propositions déjà formulées par l'Académie à l’automne via son groupe de travail dédié aux déserts médicaux.
S'attaquer aux lapins
De manière plus consensuelle, l'institution propose de s’attaquer aux « lapins » – ces rendez-vous non honorés – pour libérer du temps médical. Elle préconise à cet effet de sensibiliser la population « au bon usage de la médecine, incluant le respect des rendez-vous pris auprès des médecins ». Cette proposition rejoint celle de l'URPS d'Île-de-France, qui recensait à l’été « deux lapins par jour et par médecin » chez les libéraux franciliens.
Enfin, l’Académie prend à son tour fait et cause pour la mise en place de « mesures favorisant le cumul emploi-retraite des médecins récemment retraités, tout en permettant à leurs cotisations de générer des droits supplémentaires ». À la faveur du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), des dispositions ont déjà été votées en ce sens pour exonérer de cotisations retraite les médecins cumulards en 2023. Mais cette mesure d'exonération n'est que temporaire. La question des cotisations payées par les praticiens en retraite active – et de l'ouverture éventuelle de droits supplémentaires – pourrait donc se poser dès 2024 pour les 12 000 confrères en cumul emploi-retraite.
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