Alors que 58 % des Français affirment avoir déjà renoncé à une consultation en raison des délais d’obtention de rendez-vous, l’accès au soin se place désormais comme la première des priorités des Français dans le champ de la santé, selon un sondage Harris interactive.
Menée pour la Mutualité Française, cette enquête a été dévoilée devant une poignée de candidats à l’élection présidentielle, le 1er mars, à l’occasion du « Grand oral de la santé » organisé par la fédération des complémentaires. Devant le financement de la Sécurité sociale et la gestion de la pandémie, la lutte contre les déserts médicaux apparaît donc définitivement comme un sujet central de la campagne. « Cette aspiration traverse l’ensemble de la population qui considère l’inégalité d’accès au soin comme une d’injustice », appuie Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d'Harris Interactive France. Message reçu par les quatre candidats présents. Tous s’accordent pour accroître les capacités de formation au cours du prochain quinquennat : 20 000 places pour Valérie Pécresse, 15 000 pour Anne Hidalgo. Une promesse en ligne avec les Français qui sont 87 % à juger l’augmentation du nombre de médecins comme une évolution prioritaire.
Obligation pour les jeunes
Interrogés sur leurs propositions pour lutter contre les déserts en médecine générale, les trois candidats de gauche avancent tous, de près ou de loin, une forme de coercition. Pour Yannick Yadot, « oui, il y aura une obligation d’installation, j’assume ma position même si elle déplaît aux médecins ». Le candidat écologiste veut que la dernière année d’internat et les deux premières années d’exercice soient réalisées en zones sous-dotées, « avec les salaires et la politique d’accompagnement qui va avec ». « Évidemment, il y aura aussi un conventionnement sélectif dans les zones sur-dotées », a-t-il ajouté. Un principe « d’un départ pour une arrivée » repris également par le candidat communiste Fabien Roussel, qui souhaite par ailleurs miser sur l'attractivité des territoires.
« Nous sommes au pied du mur », a estimé Anne Hidalgo, qui entend prendre « une mesure urgente, dès 2022 ». La candidate socialiste propose ainsi de recycler l’ajout d’une 4e année à l’internat de médecine générale en une « année de professionnalisation » dans les déserts médicaux. Une sorte de stage payé 3 500 euros par mois, « qui permettrait dès cette année de déployer 4 000 jeunes sur les territoires »,a résumé la maire de Paris.
Délégation de tâches et télémédecine
Seule candidate de droite présente sur le plateau de la Mutualité, Valérie Pécresse s’est quant à elle définie comme profondément « attachée à l’exercice libéral ». Néanmoins, elle se fixe comme objectif de diviser par deux le délai pour accéder à une consultation, et propose pour cela, à l'instar de sa concurrente socialiste, de profiter de la 4e année d’internat en médecine générale pour effectuer un stage dans un désert médical, sous le statut de docteur junior. « Cela deviendra obligatoire à partir de 2025, mais en contrepartie nous augmentons la consultation à 30 euros », justifie la candidate LR.
Mais le défi de l’accès au soin doit aussi passer, selon elle, par la délégation de tâches. La présidente francilienne vante ainsi, pèle-mêle, « les transferts de charges vers les infirmiers de pratique avancée » ou encore « le rôle de dépistage du pharmacien ». Selon le sondage Harris, 72 % des personnes interrogées sont elles aussi favorables à la délégation de certains actes réservés aux médecins et 64 % au développement de la télémédecine. Des propositions reprises par Valérie Pécresse qui souhaite ainsi développer la téléconsultation « mais au sein d’alliance territoriale de santé, pour que les cabines soient toujours proches d’une infirmière ou d’un pharmacien ».
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