Mayenne, Nièvre, Corrèze, Haute-Corse… Le programme PAERPA qui cherche à faire tomber les murs entre le sanitaire, le médico-social et le social gagne progressivement du terrain avec 16 territoires pilotes.
Alors que 560 000 personnes âgées peuvent bénéficier de ces expérimentations, un bilan d'étape a permis – lors de la Paris Healthcare Week – de mesurer les forces et les faiblesses du modèle. Sur le papier, « il s'agit d'une démarche qui implique une coordination clinique de proximité et une organisation du retour a domicile rapprochant les médecins, pharmaciens, infirmiers et kinésithérapeutes qui prennent le réflexe de travailler ensemble », résume Dominique Libault, président du comité national PAERPA.
De l'huile dans les rouages, mais ça grince toujours
Du côté des acquis, cet ancien directeur de la Sécurité sociale souligne l'énergie déployée pour proposer une rémunération de cette démarche collaborative. « C'est chose faite et ces nouveaux actes sont rémunérés 100 euros dans le cadre des plans personnalisés de santé [PPS] » partagés par les équipes de soins, précise-t-il. Près de 5 000 plans ont été déclarés à l'assurance maladie. La rémunération octroyée a mis un peu d'huile dans les rouages du PAERPA même si une étude de l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS, libéraux) montre que le fameux plan personnalisé de santé trouve ses limites : seuls deux tiers des généralistes et 50 % des infirmières indiquent y avoir participé tandis que les kinés ou les pharmaciens se disent écartés de la rédaction de ce plan collégial.
Le chemin parcouru est réel. Chef de projet à l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, Sarah Livartowski estime qu’un quart des Parisiens de plus de 75 ans peuvent bénéficier de ces parcours mieux coordonnés grâce à l’articulation des programmes MAIA et PAERPA. « L’ARS impulse, finance, mais rien ne se passe sans la mobilisation des acteurs sur le terrain. Il ne s'agit pas d'une nouvelle tour de contrôle », explique le Dr Aurélie Misme, généraliste du réseau de santé Paris-Nord, qui comprend toutefois les réticences de ses confrères. Du côté des libéraux en effet, les principales critiques récurrentes portent sur la lourdeur du modèle PAERPA mais aussi le risque de captation de patients par des structures sanitaires et sociales (HAD, SSIAD).
Alexandre Farnault, chef de projet national à la Direction de la Sécurité sociale (DSS, ministère), salue pour sa part les résultats encourageants en Corrèze ou à Bordeaux, avec une baisse de 30 à 40 % des réhospitalisations « même si la part imputable de notre programme n'est pas clairement visible ».
Blocages
Il existe des revers de la médaille. La DSS reconnaît « des points de rupture qui bloquent localement des prises en charge ». Il peut s'agir de contraintes techniques ou informatiques qui freinent le partage d’informations. Un effort de simplification semble prioritaire. Le dialogue entre des professionnels habitués depuis toujours à travailler en silo reste parfois tendu. Ce médecin généraliste souligne « la qualité des échanges avec les services de gériatrie dans les hôpitaux » mais il déplore « des relations souvent plus complexes avec certaines spécialités pourtant concernées pour organiser la sortie de l'hôpital ».
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