Mais jusqu'où va-t-il entraîner son pays et son peuple ? Ira-t-il seulement au terme de son mandat, lui qui ne respecte aucune règle ? Ou, au contraire, cet homme si original est-il capable d'être réélu ? On en vient à le croire quand on apprend que la prestation sur le sexisme d'Oprah Winfrey, star milliardaire de la télévision, a fait d'elle instantanément la candidate du parti démocrate en 2020. Donald Trump, lui, ne croit pas qu'elle se présentera. Pourtant, il est le premier à savoir que, plus une candidature est inattendue, plus le candidat a des chances d'être élu. En attendant celle qui pourrait nous délivrer du cauchemar Trump, le président des Etats-Unis poursuit son œuvre. Il ne reviendra jamais sur son abandon de l'accord mondial sur le climat. Il se retirera de l'accord nucléaire avec l'Iran dans trois mois. Il ne construira pas de mur entre les Etats-Unis et le Mexique, mais il fermera les vannes de l'immigration, notamment celle qui vient de « ces pays de merde » qu'il a ainsi nommés dans un discours à des élus, lesquels ont rapporté fidèlement ses propos, qu'il a bien sûr démentis. Il ne se laisse pas impressionner par un livre du journaliste Michael Wolff, « Fire and fury » (le feu et la fureur) qui décrit une Maison Blanche totalement désorganisée, soumise aux caprices imprévisibles du président, lequel est en désaccord avec à peu près tous ses conseillers, à commencer par sa femme, sa fille et son gendre, qui espéraient vainement une autre politique.
La haine des autres
Son programme, c'est l'improvisation. Son idéologie, la haine des autres et l'amour des riches auxquels il vient d'offrir une réforme fiscale taillée sur mesure pour leurs intérêts. Sa force, une économie qui ronronne, le plein emploi ou presque, mais une aggravation des inégalités dont il n'a cure. Son trait de caractère principal, le narcissisme. Et aussi la tendance très forte à se complimenter lui-même, à défaut d'entendre les compliments des autres. Il ne craint pas de dire qu'il est un génie, un homme d'une intelligence exceptionnelle, alors que ses collaborateurs constatent son incapacité à se concentrer sur un dossier, à écouter un exposé pendant plus que quelques minutes, à envisager une stratégie diplomatique élaborée en dehors du rapport de forces. Le problème ne réside pas seulement dans une intelligence et une formation inadaptées à la fonction, mais dans les immenses responsabilités qui lui ont été confiées par le peuple américain. Il a menacé de vitrifier la Corée du nord, voilà maintenant qu'il est heureux de confier la gestion du conflit à la Corée du sud.
Du coup, la Chine et la Russie deviennent les sages de la planète. Face à l'idiotie américaine, elles font jouer les seconds rôles pour empêcher Trump de commettre une erreur fatale. L'isolement de l'Amérique est confirmé par la colère qu'il a soulevée dans nombre de pays sud-américains et africains, par le fait que Moscou et Pékin ne perdent même pas le temps de le convaincre, pendant que la Chine étend son empire sur toute l'Asie, que la Russie, à ce jour, maintient son annexion de la Crimée, sa demi-invasion de l'Ukraine, sa présence en Géorgie, toutes choses auxquelles Donald Trump est supérieurement indifférent.
Trump devait sceller avec la Grande-Bretagne une alliance qu'aurait instaurée une visite d'Etat à Londres. Mais les Britanniques ne veulent pas le voir et le lui ont fait savoir. Devant les risques, il a renoncé, ce qui démontre l'inanité d'un rapprochement américano-britannique et la folie du Brexit. Deux pays solitaires qui ne parviennent même pas à s'associer. La vraie question, en définitive, est l'intensité du mal que Trump va infliger à l'Amérique, elle est de savoir combien de coups encore il va porter à son propre pays, et au cas où, par malheur, il serait réélu, s'il finira par achever la première puissance mondiale. Il est désolant, à cet égard, que Mme Winfrey, qui a toute ma sympathie, ait été sacrée par la gauche américaine. Il est temps que ce pays prenne les élections et la démocratie au sérieux.
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