C’EST EN TOUTE discrétion sur le site du ministère de la Santé qu’a officiellement été rendu public le très attendu « Plan national de lutte contre le VIH/sida et les IST 2010-2014 ». Sa version définitive diffère peu de celle remaniée qui a fait l’objet d’un deuxième avis du Conseil national du sida le 18 octobre dernier. « Aujourd’hui, grâce au dynamisme de la recherche, au dispositif de prévention, aux nouvelles possibilités thérapeutiques et à notre système de santé, nous avons les moyens d’en finir avec cette épidémie. Tel est l’ambition de ce plan », explique le ministère. Le plan se veut « novateur » et vise à « infléchir radicalement en 5 ans, la dynamique de l’épidémie VIH », à réduire la morbidité et la mortalité liées au VIH et au sida mais aussi à combattre les autres infections sexuellement transmissibles. En 261 pages, dont une centaine de pages d’annexes, il décrit les enjeux, fixe les principes et les objectifs, propose 5 grands axes stratégiques avec, pour chacun, une description des mesures : prévention, information éducation pour la santé ; dépistage ; prise en charge sociale et lutte contre les discriminations ; recherche et observation. Les mesures sont ensuite reprises sous forme de fiches action avec un calendrier, des indicateurs de suivi et de résultats.
La nouvelle stratégie devra être déclinée par les Agences régionales de santé (ARS) en s’appuyant sur les COREVIH (Coordination régionale de lutte contre l’infection à VIH), en fonction de leurs données épidémiologiques dans le cadre de leur plan régional de santé et de leurs schémas régionaux. Près de 954 millions d’euros sont prévus pour la période du plan, un budget qui ne prend pas en compte les soins médicaux.
L’analyse régulière de l’état d’avancement des mesures et des actions du plan est confiée à un comité de suivi national qui se réunira deux fois par an. Le Conseil national devrait émettre chaque année un avis sur l’état d’avancement du plan.
Tests rapides au cabinet.
Le dépistage proposé à l’ensemble de la population, qui constitue l’axe 2 du plan, est, a encore rappelé Roselyne Bachelot, « au cœur du dispositif ». L’objectif est de diminuer le nombre de personnes infectées – estimé à 40 000-50 000 –, et qui l’ignorent, et de faire reculer le dépistage tardif qui concerne une personne sur cinq. Le recours aux tests de dépistage rapide en cabinets de médecine générale devra être développé. « L’encadrement de l’usage des tests (condition de réalisation, personnes habilitées à les faire) et la définition des populations pouvant en bénéficier seront réglementés », souligne le plan.
Le plan propose également une réorganisation du dispositif CDAG/CIDDIST* et l’expérimentation des centres de santé sexuelle. Pour lutter contre les IST les missions des CDAG/CIDDIST, de même que celles des centres de planning et d’éducation familiale, devront être élargies à la vaccination contre le VHB et les papillomavirus. Concernant la prévention, des mesures sont prévues en faveur de la formation des professionnels de santé et des associatifs aux différentes approches auprès des populations vulnérables, des homosexuels, des migrants ou d’autres populations spécifiques comme les personnes en situation de handicap ou les patients suivis en psychiatrie.
Le plan ne prévoit pas dans l’immédiat de généraliser le traitement précoce. « Il s’agit d’étudier la possibilité et l’encadrement nécessaire à la proposition d’un traitement précoce », explique-t-il. De même, la recherche et l’évaluation concernant la pertinence et la mise en œuvre du traitement comme outil de prévention devront être poursuivis. La prise en charge en ambulatoire est valorisée, de même que le développement des réseaux ville-hôpital et de la prise en charge en ville. En ce qui concerne la recherche, l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales voit son rôle et son activité autonome confortés. Le volet social du plan prévoit des mesures en matière de logement et d’hébergement, de maintien et de retour à l’emploi, de réponses spécifiques aux situations de handicap ou de perte d’autonomie liées au VIH/sida, de lutte contre les inégalités d’accès aux soins. Il s’agit, en particulier, de rappeler aux professionnels de santé « que les refus de soins ne peuvent être justifiés par l’état de santé des patients » ni « par la couverture sociale du patient », cela au moyen de diffusions auprès des ordres national et départemental des médecins, pharmaciens et dentistes.
* Centres de dépistage anonyme et gratuit et Centres d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuelles transmissibles.
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