MARS 2008 : l’expertise collective de l’INSERM apporte la démonstration des multiples bienfaits de l’activité physique pour la santé (« le Quotidien » du 8 avril). DÉCEMBRE 2008 : la commission Prévention sport et santé, mise en place par Roselyne Bachelot, présidée par le Pr Jean-François Toussaint (Hôtel-Dieu), directeur de l’IRMES (Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie sportive), remet son rapport : un ensemble de propositions pour enrayer la sédentarité qui tétanise de plus en plus les Français.
Le rapport rappelle tout d’abord que, même d’intensité modérée, la pratique régulière diminue la mortalité, augmente la qualité de vie, prévient les principales pathologies chroniques - cancer, maladies cardiovasculaires, diabète, ostéoporose et maladies ostéo-articulaires -, améliore la santé mentale (en réduisant l’anxiété et la dépression), favorise la croissance harmonieuse de l’enfant et de l’adolescent et le maintien de l’autonomie des personnes âgées.
À la hauteur de tous ces enjeux, le plan de bataille pour faire marcher les Français s’articule autour d’une quinzaine de propositions, parmi lesquelles :
- modifier les modes de déplacement en aménageant les espaces publics pour une « mobilité douce » ;
- défiscaliser à hauteur de 200 euros par an les personnes qui résident dans un rayon de 10 km de leur lieu travail et qui s’y rendent à vélo ;
- mettre en place des incitations financières (« chèque actif ») pour faciliter l’accès à la pratique physique ou sportive, notamment l’adhésion à un club ou une association ;
- développer le programme Univer-santé en faveur des étudiants et des salariés ;
- mettre en place des tests simples d’évaluation de la condition physique ;
- intégrer l’APS en entreprise, au titre de la prévention du stress au travail ;
- développer les programmes d’APS en établissements de soins à l’attention des patients atteints de maladies chroniques, ou rares, ou des personnes en situation de handicap ;
- développer des réseaux régionaux sport-santé pour les seniors et les personnes sédentaires.
Un module de 60 heures en PCEM 2 et DCEM 1.
Le rapport Toussaint s’intéresse aussi aux médecins et à leur formation. Les enseignements consacrés aux effets de l’activité physique sont « quasi inexistants », déplore-t-il, avant l’examen classant national. Malgré les quelques diplômes délivrés aujourd’hui (capacité de médecine et biologie du sport, Diplôme d’études spécialisées complémentaires et DU), la très grande majorité des médecins n’a reçu aucune formation en médecine du sport, ni en médecine des activités physiques pour la santé. D’où la proposition de créer, en formation initiale, un module commun de 60 heures, à raison de 30 heures par an, introduit en PCEM 2 et DCEM 1. Cet enseignement serait assuré par des spécialistes des sciences et techniques des APS, de la nutrition, de la prévention et de l’éducation à la santé.
Pour la FMC, le rapport préconise que l’APS fasse partie chaque année des thèmes retenus pour les opérations conventionnelles définies par la Commission paritaire nationale. Un référentiel d’EPP (évaluation des pratiques professionnelles) serait élaboré pour évaluer en ce domaine l’ensemble des médecins, et pas seulement les titulaires de la capacité de médecine et biologie du sport ou du DESC.
La tâche est telle que les médecins ne sauraient y suffire, estiment les membres de la commission. D’où leur proposition de créer une filière d’opérateurs spécialistes d’APS, en lien avec la santé, les « actiphysiciens », ou éducateurs médico-sportifs. Ils accueilleraient des personnes atteintes de maladies chroniques, rares, ou en situation de handicap, au sein de structures spécialisées et d’établissements de soins, pour des prises en charges assurées sous contrôle médical. Cinq cents emplois aidés pourraient ainsi être créés, dans le cadre d’une délégation de tâche.
La mise en uvre de ces mesures, lorsqu’elles concernent la formation, passerait par des accords interministériels (ministères de la Santé, des Sports et de l’Enseignement supérieur). Et le Pr Toussaint juge les applications envisageables dès la rentrée 2009 dans les facultés de médecine. D’autres propositions pourraient impliquer le ministère de l’Environnement et du Travail, les ORS (observatoires régionaux de santé), ou encore les collectivités locales.
Malgré la complexité de la manuvre, le directeur de l’IRMES se montre confiant dans l’application rapide de la plupart de ses éléments programmatiques : « Plusieurs de nos suggestions sont déjà intégrées dans le cadre du PNNS (programme national Nutrition Santé), se félicite-t-il, ou sont appelées à l’être, le mois prochain, dans le cadre du PNSE (programme national Santé Environnement). » Au plus haut niveau de l’État, la prise de conscience est réelle, estime-t-il. Un présupposé reste toutefois à vérifier : la bonne volonté du public. « Nous comptons en appeler à la conscience individuelle, annonce le Pr Toussaint, pour encourager chacun à reprendre progressivement sa liberté de mouvement, retrouver l’étonnement d’une marche en forêt, ou simplement le matin pour accompagner ses enfants à l’école ou retrouver le plaisir d’un effort commun dans une sortie à vélo, en famille au bord du Rhône… Retrouver la joie du jouer ensemble, dans une partie de balle et toile, entre pensionnaires de maison de retraite, plutôt que de se laisser détruire à bas bruit devant l’unique télé de la salle commune. » Une révolution littéralement en marche.
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