À l’avenir, les enfants et adolescents de moins de 16 ans devraient, eux aussi, avoir leur médecin traitant. Cette mesure figure en effet dans le projet de loi sur la santé de Marisol Touraine qui devrait être définitivement adopté par le Parlement d’ici la fin de l’année ou au début de 2016.
Un texte qui, au final, ne devrait pas provoquer de guerre entre généralistes et pédiatres. En effet, si un généraliste est choisi comme un médecin traitant, il n’y aura pas de pénalité financière pour les parents qui consulteraient un pédiatre en accès direct et donc hors parcours.
La mise en place d’un médecin traitant pour les 0-16 ans était réclamée de longue date par MG France. À l’occasion d’un colloque organisé en mai 2014 sur ce thème, ce syndicat avait rappelé que 71 % des actes concernant les enfants de 0 à 16 ans sont effectués par un généraliste, 15 % par un pédiatre, et 14 % par d’autres médecins. « Les médecins généralistes soignent beaucoup d’enfants : 45 % comptent 20 à 30 % d’enfants dans leur patientèle. Au-delà de 2 ans les médecins généralistes sont de très loin les premiers prescripteurs pour les enfants », ajoutait le syndicat.
La riposte n’a pas tardé à venir du côté des pédiatres. « Aucune organisation professionnelle, ni syndicat, n’est en droit de revendiquer les soins exclusifs des 16 millions d’enfants en France », avait répliqué le Conseil national professionnel de pédiatrie (CNPP), structure regroupant toutes les instances de la spécialité. « Le suivi de l’enfant ne peut être calqué sur celui de l’adulte », soulignait aussi le CNPP en juin 2014 dans une pétition dans laquelle il appelait les parents à « manifester leur volonté de défendre la liberté de consulter le médecin de leur choix, pour les enfants, à n’importe quel moment de son évolution ».
Un choix prudent
C’est dans ce contexte un peu houleux que Marisol Touraine a finalement décidé d’accéder à la demande de MG France en intégrant la mise en place d’un médecin traitant pour les 0-16 ans dans son projet de loi. Les députés et les sénateurs ont toutefois joué la prudence en votant cette mesure mais sans pénalité financière pour les consultations hors parcours. « C’est une sage décision car les parents réclament cet accès direct chez le pédiatre. Et les parlementaires ont tenu compte du fait que nous assurons les deux-tiers des consultations des enfants de 0 à 2 ans en France », souligne le Dr Francis Rubel, président du CNPP et du Syndicat national des pédiatres français (SNPF). « Nous ne souhaitons pas entretenir de polémique avec les généralistes. Nous constatons simplement qu’ils sont de plus nombreux alors que la population française vieillit. Et il est clair que dans l’avenir, ils auront de plus en plus de travail avec leurs patients âgés et pas forcément toute la disponibilité pour assurer des consultations longues de dépistage avec les enfants », ajoute le Dr Rubel.
Pour sa part, le Dr Claude Leicher, le président de MG France, est bien sûr satisfait que cette réforme figure dans la loi santé. « C’est important que les parents puissent dire clairement qui est le médecin coordonnateur des soins de leur enfant. Et aujourd’hui, la priorité n’est pas d’aviver une concurrence stérile entre les généralistes et les pédiatres mais d’instaurer un parcours de soins pédiatriques qui tienne compte du rôle spécifique des uns et des autres », souligne-t-il, en insistant sur les besoins des généralistes. « Régulièrement, nous avons besoin d’avis de consultants en neuro-pédiatrie ou en endocrino-pédiatrie. Et le seul endroit où l’on peut adresser les enfants, c’est l’hôpital avec des délais d’attente qui vont parfois jusqu’à un ou deux ans. Il serait donc très utile d’avoir des correspondants de pédiatrie de ville, dans ces deux domaines, qui pourraient recevoir nos jeunes patients dans des délais plus courts. »
Les pédiatres, eux, estiment que les généralistes ont aussi quelques motivations financières dans ce dossier. Pour assurer ce rôle de médecin traitant, un praticien percevra en effet un forfait annuel de 5 euros.
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