Comment se portent les Français ? Depuis près de 40 ans, les observatoires régionaux de la santé (ORS) s’attellent à répondre à cette question dans les collectivités territoriales françaises. Ces structures ont été mises en place dans le cadre de la régionalisation des politiques de santé introduite par François Mitterrand dans les années 1980. Cela correspond à « un moment où on a commencé à prêter une attention particulière à l’adaptation des politiques et des actions de santé aux caractéristiques de chacun des territoires » précise Bernard Ledésert, président de la Fédération nationale des observatoires de la santé (FNORS). Depuis, ils ont contribué à mieux connaître l’état de santé et les besoins des populations dans le but d'adapter les décisions au contexte local.
Grâce aux multiples sujets sur lesquels ils travaillent, les ORS se sont imposés comme de véritables experts de la santé publique en région. Ils mobilisent l’ensemble des informations disponibles pour documenter l’état de santé des Français. « Il ne s’agit pas seulement d’aller voir ce qu’il se passe dans l’hôpital mais de regarder tout ce qui concours à l’état de santé de la population » clarifie le président de la FNORS. Les bases de données toujours plus nombreuses dans ce domaine constituent un support majeur de ce travail auquel s’ajoutent des techniques d’enquête quantitatives et qualitatives. Surveillance des addictions, inégalités de santé, épidémiologie de certaines maladies (sida, cancers…), santé en entreprise ou encore environnement… Les sujets à traiter sont vastes.
Cette approche globale implique que les ORS peuvent être saisis par l’ensemble des acteurs de la santé d’une région, notamment les agences régionales de santé (ARS), – créées 30 ans après les Observatoires — et les collectivités territoriales. Ce ne sont pas les seuls commanditaires : « on essaye de faire en sorte que les questions de santé soient prises en compte dans l’ensemble des politiques publiques » indique le président de la FNORS. D’où la volonté de travailler avec d’autres directions régionales dans des domaines comme la cohésion sociale, l’environnement ou encore la santé au travail. Mais aussi d’aller sur le terrain à la rencontre des professionnels, des associations et des populations « afin de leur faire exprimer leurs besoins ou leur perception des problématiques », explique Bernard Ledésert.
Composition
Ces démarches d’enquêtes qualitatives et quantitatives s’appuient essentiellement sur l’ensemble des équipes multidisciplinaires constituant les ORS. Ils sont le lieu de rencontre des épidémiologistes, des statisticiens, des sociologues, des médecins, des démographes… « On fait peu appel à des experts extérieurs » reconnaît Bernard Ledésert.
Quel statut ?
Les observatoires régionaux de la santé sont des structures associatives. Cela « assure une certaine indépendance dans le sens où les principaux acteurs sont représentés au sein des conseils d’administrations des ORS » comme les unions régionales des professionnels de santé (URPS), des services universitaires de santé publique ou des associations… En fait, toutes les personnes impliquées localement dans les questions de santé.
Les ressources des ORS proviennent avant tout de l’État (ARS, ministère de la Santé ou de l'Environnement…) via par exemple des conventions pluriannuelles d’objectifs. Les autres sources de financements sont des commandes d’institutions comme les collectivités territoriales ou les établissements de santé.
Prises de position
Les ORS produisent des rapports et des indicateurs à partir de l’exploitation des données existantes. La base de données SCORE-Santé financée par le ministère de la Santé dresse le profil des territoires et est un véritable tableau de bord de la santé publique à différents échelons. Il met ainsi à disposition des décideurs, professionnels de santé et du grand public les constats qui en sont tirés.
Les informations manquantes ou parcellaires sont complétées par des enquêtes menées par les ORS dans leur territoire. Ainsi, alors que des statistiques font défaut pour décrire les besoins en soins palliatifs, l’ORS Île-de-France a publié une étude en mars 2022 pour tenter de répondre à ces enjeux. Le même organisme a alerté dès 2018 sur les déserts médicaux dans la première région de France et est investi dans des études sur la pollution. Un certain nombre d'ORS se sont penchées aussi ces dernières années sur la question des pesticides.
Les travaux des ORS dépassent parfois les frontières de leur région et même celles du territoire national. La fermeture de la maternité de Prades au début des années 2000, obligeait les habitants de Cerdagne à aller jusqu’à Perpignan. Une coopération entre la commission régionale de la naissance et l’ORS du Languedoc a permis la mise en place de solutions pour organiser l’accueil des femmes à l’hôpital de Puigcerdà en Catalogne.
Exergue : Fin de vie, environnement et santé, offres de soins... Les sujets explorés par les ORS sont vastes
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