LE QUOTIDIEN : Qu’entendez-vous par recertification ?
Dr PATRICK BOUET : Le mot recertification n'est pas le mieux choisi. Mais nous avons voulu être un peu provocateur pour faire réfléchir. Aujourd'hui, même les opposants de première heure sont en train de reconnaître que cette proposition ne doit pas être négligée.
L'objectif de la recertification n'est pas de faire repasser un diplôme au médecin mais plutôt de l'accompagner dans son parcours avec un objectif de qualité, de pertinence, d’efficience et de compétence. La compétence n’est pas seulement le reflet de la théorie acquise mais aussi de la pratique, du niveau d’activité… C’est en somme un ensemble d’éléments qui permettrait enfin de reconnaître et de valoriser le parcours professionnel du médecin.
Comment imaginez-vous ce système de recertification ?
Il reste à construire, avec l’ensemble des parties prenantes. Mais la recertification devra être fondée sur un référentiel de compétences par spécialité, référentiel bâti par chaque collège national de spécialité.
Cette démarche doit permettre un contrôle quasi-automatique par l'échange et le traitement de données produites par différents acteurs (Programme de médicalisation des systèmes d'information – PMSI –, Système national d'information inter-régimes de l'assurance-maladie – SNIIRAM –, Agence nationale du DPC…) et par les documents produits par les médecins eux-mêmes, versés dans leur coffre-fort numérique. Cette quasi-automaticité de la démarche de recertification doit être un objectif important du futur système pour ne pas alourdir encore le quotidien des médecins.
Il ne faut pas faire d’amalgame entre le mécanisme d’insuffisance professionnelle, déjà géré par l’Ordre et qui permet de mettre à l’écart temporairement ou définitivement des médecins ayant une pratique dangereuse, et le futur mécanisme de recertification qui valorise l'exercice et le parcours du professionnel.
L’Ordre des médecins veut être le maître d’ouvrage du dispositif. Pourquoi ?
L'Ordre souhaite être l'organisateur du dispositif pour garantir son indépendance professionnelle ! La recertification ne doit pas obéir à des objectifs spécifiques de l’État, de l’assurance-maladie ou des directions des hôpitaux mais aux objectifs professionnels qui sont l’indépendance, la pertinence et la sécurité des soins pour les patients.
La structure qui sera maître d’ouvrage attestera, grâce à cette recertification, que le médecin a accompli son parcours sur une période donnée. L’Ordre qui revendique ce rôle de maître d’ouvrage propose que cette période soit de six ans.
Qui doit financer ce dispositif ?
La profession elle-même doit la financer. Pour garantir l’indépendance du dispositif, c’est une proposition raisonnable. Il ne s’agit pas de créer de nouvelles cotisations mais transformer une partie des cotisations existantes des médecins en une cotisation spécifique, avec un objectif d’accompagnement des parcours individuels. Nous proposons que cette cotisation professionnelle spécifique de tous les médecins puisse être prélevée par l’Ordre des médecins pour faire fonctionner le dispositif.
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