La France, pays des droits de l’homme n’est pas encore celui du droit des femmes.
Sans même parler des inégalités salariales, d’autant plus dérangeantes qu’elles sont injustes, les droits individuels des femmes ont régressé au cours des dernières années, silencieusement, dans la discrétion de décrets marqués d’un sceau inacceptable : l’intime conviction d’une certaine suprématie masculine. Et les décideurs sont toujours des hommes. Un exemple récent illustre ce triste constat.
La loi de la France a organisé un véritable chantage sur la conservation ovocytaire. Ne disposant pas d’assez de femmes candidates au don d’ovocytes alors que la demande s’accroît avec l’âge auquel on désire un enfant, l’idée lumineuse du pouvoir masculin, cautionnée par le conseil constitutionnel, a été d’imposer aux femmes qui souhaitent conserver leurs ovules pour elles-mêmes, un véritable chantage. Conserver pour soi-même oui, mais à condition de donner à une autre femme les 5 premiers ovules recueillis. Et s’il n’y en a que 5, tant pis pour elle, tout est donné. Le CCNE vient d’entériner cette procédure car « l’autoconservation serait trop risquée et pas assez efficiente ». Or c’est faux dans la majorité des cas à l’âge de la conservation, mais bien vrai à l’âge où ces femmes viendront tardivement pour une fécondation in vitro.
En fait, donner de l’autonomie et du choix aux femmes en matière de reproduction fait peur aux hommes. Depuis la nuit des temps, ils s’arrogent le droit de dire aux femmes ce qui est bon pour elles. Et ils prennent pour ce faire le ton docte et archaïque de médecins paternalistes qui eux savent ce qui est bon pour les femmes. Et ils décident pour elles.
Les hommes ont toujours eu peur des femmes. Comment ne pas chercher à maîtriser à leur place un pouvoir immense que leur confère la nature, choisir avec qui et quand se reproduire. Non contentes d’être celles par qui passe le plaisir sexuel, elles ont en plus le contrôle de la source des enfants, donc un pouvoir considérable sur le sort de nos sociétés.
Pas étonnant de fait que l’aide médicale à la procréation, mais aussi la contraception et l’IVG soient aussi surveillées et tancées par le législateur au masculin.
Si j’étais une femme, je me révolterais. Et d’ailleurs la femme qui est en moi, mais aussi ma compagne, ma mère, et ma fille sont humiliées par le temps de la France comme il va aujourd’hui. C’est une mauvaise météo pour les femmes !
Président du Collège National des Gynécologues Obstétriciens
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