À l’issue d'une vaste consultation nationale et de la contribution de près de 4 000 infirmiers salariés et libéraux, l'Ordre national des infirmiers (ONI) a rendu public le « livre blanc » de la profession. Cet opus ambitieux vise à faire reconnaître « la contribution infirmière au système de santé » à travers 26 propositions portées la majorité des paramédicaux consultés.
Plusieurs revendications concernent l'élargissement de la prescription des infirmiers pour « améliorer l'accès aux soins », sans alimenter de querelle de compétences avec les médecins. Les infirmiers souhaiteraient ainsi prescrire le matériel nécessaire à l'autonomie (lits médicalisés, prévention d'escarres) mais aussi la réalisation d'actes de soins de plaies aiguës (produits, dispositifs médicaux). « Il faut mettre fin aux incohérences réglementaires comme la possibilité de prescrire des pansements sans pouvoir prescrire les solutions et produits antiseptiques indispensables au nettoyage des plaies et à la désinfection des tissus », peut-on lire. Les infirmiers souhaitent aussi prescrire des actes biologiques pour les patients chroniques pris en charge (INR, hémoglobine glyquée) et des antalgiques dans le cadre de la lutte contre la douleur et des soins palliatifs. Enfin, une majorité d'infirmiers interrogés souhaitent pouvoir « renouveler et adapter » les traitements de patients souffrant de pathologies chroniques.
Dans le même ordre d'idées, les paramédicaux souhaitent accroître leur domaine de compétence (prélever et collecter les sécrétions et excrétions sans prescription médicale ; poser et retirer la sonde urinaire sans prescription médicale ; autoriser l'injection et la perfusion à domicile d'antalgiques en cathéters périnerveux, en sortie de chirurgie ambulatoire).
Mais au-delà, l'Ordre infirmier appelle de ses vœux la création d'une longue série de nouvelles « consultations infirmières » au bénéfice des patients chroniques (prévention, dépistage), au maintien à domicile, à la sortie d'hôpital ou de chirurgie ambulatoire (en cas de retour à domicile complexe), au suivi des patients anti-cancéreux à domicile et même pour la prise en charge en première ligne des « affections bénignes » dans les maisons de santé pluridisciplinaires.
Décalage
« La profession a besoin de reconnaissance et revalorisation », résume Patrick Chamboredon, président de l'ONI. Son ambition : accorder davantage de liberté aux infirmiers dans leur exercice. « Le paradigme du "tout médical" n'est plus d'actualité, pose-t-il. Les médecins commencent à bouger, il faut qu'on essaie de regarder certains sujets avec eux, par exemple le renouvellement des traitements. Les infirmiers peuvent être une solution pour pallier le manque de médecins, sans pour autant empiéter sur leur rôle. »
Preuve en est avec la mise en place des infirmiers en pratique avancée (IPA), bientôt déployés en psychiatrie et aux urgences. « L'IPA n'est pas un gadget, cela a un vrai sens et il y a une appétence avérée de la profession. Mais 5 000 IPA, ce n'est pas suffisant, juge Patrick Chamboredon. L'infirmier en pratique avancée est censé travailler sous la coordination du médecin, mais comment faire quand il n'y a plus de médecins ? Il y a un décalage entre ce que font déjà les infirmiers sur le terrain et les textes législatifs. »
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