A la gouvernance macronienne, on a fourni plusieurs explications. Ici même, nous en avons donné au moins une : la nécessité, pour le chef de l'exécutif, de transformer le pays si vite et d'une manière si profonde que l'opinion ou les partis d'opposition, en dehors de la pratique des épithètes, sont pris de court et incapables d'arrêter ou de freiner la marche de la République. Mais il y en a d'autres, la principale étant que la politique de M. Macron est dénoncée de manière si caricaturale que ses censeurs en perdent leur crédibilité. C'est très précisément ce qui vient d'arriver aux Républicains qui se sont mieux sortis des élections que les autres partis, mais ne parviennent pas à s'unir et encore moins à présenter un projet. Par exemple, leur tract « Pour que la France reste la France » n'offre, par son titre, qu'une idée de stagnation alors que 100 % des Français savent que nous ne pouvons pas en rester à la France de François Hollande.
Et même là-dessus, ils se divisent, pendant que Nicolas Sarkozy les appelle désespérément au rassemblement. Car, chez LR, beaucoup pensent que M. Macron fait ce que la droite a toujours préconisé. L'extrême droite et l'extrême gauche, la gauche émiettée n'offrent pas davantage une alternative. Ce qui se profile, dans chaque parti, ce sont avant tout des règlements de compte. Comment pourraient-ils représenter une alternative alors qu'ils sont minés par des querelles internes qui opposent bien plus souvent des ego que des idées ?
« C'est une honte ! »
On dit : les réformes se succèdent à un rythme insoutenable, épuisant. La majorité elle-même commence à se fracturer, on évoque les « frondeurs » d'En marche. C'est possible, mais, si la vitesse de la locomotive indispose les Français, elle ne les terrorise pas. Quand un président a une majorité de 350 députés, il n'est pas trop sensible aux états d'âme d'une vingtaine délus de son parti. Même avec la plus parfaite objectivité, personne ne discerne à l'horizon un orage d'une violence telle qu'il remettrait en cause le programme du président de la République. En somme, il tire sa force de la faiblesse de ses opposants, et s'il laisse libre cours à ses propres travers, ses provocations ou ses manies, c'est parce qu'il estime qu'aucun de ses opposants ne peut lui faire de l'ombre. Pas Laurent Wauquiez, qui en est à limoger une femme libre (ou un électron libre, comme vous voudrez) pour un délit d'opinion. Pas Marine Le Pen, dont la plus grande réforme est d'avoir remplacé le mot Front par celui de Rassemblement. Pas Jean-Luc Mélenchon qui sait seulement dire « C'est une honte ! » quand nous oublions de tendre la main aux migrants de l'« Aquarius ». Pas Benoît Hamon, au fait que devient-il ? Pas les écolos, incapables de gagner une élection, pas les communistes ridiculisés par Mélenchon après avoir été lessivés par Mitterrand.
Même pas les syndicats qui sont en train, tout simplement, de torpiller le syndicalisme français. Qui peut les croire quand ils affirment lutter au nom des passagers de la SNCF alors qu'ils refusent de cesser la grève pendant les examens du baccalauréat ? Qui peut croire qu'il reste aux camarades cheminots un soupçon de morale ou de bienséance ? Qui peut comprendre qu'ils poursuivent une grève pour un statut qu'ils ont déjà légalement perdu ? Ils font à peu près tout ce qu'il faut pour que les Français se passent du train et des salariés du réseau ferroviaire. Finalement, qui peut remplacer Macron dès lors que les grévistes se moquent du monde, que les manifestations échouent l'une après l'autre, que les partis d'opposition n'ont pas de projet et que le seul exemple d'union entre le populisme et le néo-fascisme, celui de l'Italie, semble inapplicable en France ? Vous voyez Mélenchon gouverner avec Marine Le Pen ?
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