Annoncée début janvier par la ministre de la Santé, la « grande concertation citoyenne » sur la vaccination, dont le lancement se fait attendre, est déjà vertement critiquée. À l’occasion d’un point presse organisé lundi au bureau du Parlement européen à Paris, la députée européenne Michèle Rivasi a qualifié l’événement à venir de « mascarade démocratique ».
Destinée à recueillir « les contributions citoyennes, professionnelles, associatives et institutionnelles », une plateforme Web devait voir le jour à partir du mois de mars. « Ce site de contribution n’est même pas construit », affirme Thomas Dietrich, désormais ex-secrétaire général de la Conférence nationale de santé (CNS) après sa retentissante démission fin février pour dénoncer une « vaste mascarade » de démocratie dans le champ de la santé.
Renforcer la méfiance
Au-delà des retards de calendrier, ce dernier pointe ici « un problème de méthode » qui « ne crée pas les conditions nécessaires à un vrai débat public autour de la vaccination ». Originellement prévue depuis avril 2015 au sein de la CNS, l’organisation du grand débat public à ce sujet a finalement été confiée à la nouvelle Agence nationale de santé publique (ANSP). « Le problème, c’est qu’elle est juge et partie car tout le monde sait que l’INPES (intégrée au sein de l’agence) fait de la communication pour inciter les gens à se faire vacciner ». À ses yeux, « cela ne fera que renforcer la méfiance autour de la vaccination ». Également présent à ce point presse, le biologiste Jacques Testart a comparé la future plateforme Web collaborative à un « café du commerce numérique » où chacun « pourra déverser tous les lieux communs, les idées préconçues, les avis intéressés qui parcourent la société ». Pour le président d’honneur de Sciences citoyennes, « ce débat sur la politique vaccinale commence mal ».
Usine à gaz
À partir du mois de mai, trois jurys, de citoyens, de professionnels de santé et d’experts scientifiques doivent en principe analyser les contributions recueillies au sein de cette plateforme, en « n’écartant aucune question de fond que se posent les Français », selon les dires de Marisol Touraine. Là encore, Jacques Testart n’est pas tendre, qualifiant tour à tour le dispositif d’une « usine à gaz » et de « nouveau leurre démocratique ».
Le comité d’orientation mis en place par l’Agence nationale de santé publique traduira les tendances en recommandations. « Un pas supplémentaire pour orienter la politique de santé en relativisant ce que souhaitent les citoyens si cela ne correspond pas à une politique déjà préétablie », considère le biologiste. « On prend les citoyens pour des imbéciles et l’on ne crée pas les conditions d’un débat renseigné », soutient la sénatrice Front de gauche, Laurence Cohen, qui déplore une absence de volonté politique de « bouger les choses ».
À l’issue de cette conférence, Michèle Rivasi a renouvelé son appel à élargir le débat sur la politique du médicament et des vaccins. « Tant qu’on ne crée pas les conditions de confiance, on ne pourra pas faire un pas de plus » sur ce sujet, conclut-elle.
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