Le QUOTIDIEN : Quel est le rôle de la Cour des comptes dans le domaine de la santé ?
DENIS MORIN : Comme dans les autres domaines, son rôle est de rappeler l’exigence d’une plus grande efficience de notre système et d’indiquer des voies possibles pour y arriver. Dans le secteur de la santé, être plus efficient veut dire à la fois maîtriser la dépense, qui est l’une des plus élevées des pays comparables, et améliorer la prise en charge des patients, très inégalitaire aujourd’hui.
Le QdM. Pouvez-vous nous donner un exemple ?
Nous avons récemment travaillé par exemple sur les soins visuels, les maladies cardiovasculaires ou l’insuffisance rénale chronique. Ces travaux montrent la faiblesse persistante de la prévention et la croissance des inégalités d’accès aux soins. Il ne s’agit donc pas de faire des économies sur la prise en charge des malades ou de réduire les remboursements. Mais nous soulignons ce que pourrait apporter une meilleure organisation des soins, par exemple pour les soins visuels. Pour l’insuffisance rénale, par exemple, nous constatons que les alternatives à la dialyse en centre (dialyse à domicile, accès plus facile à la greffe) ne sont pas assez encouragées.
De quelle expertise, notamment médicale, disposez-vous pour assumer vos missions dans le secteur sanitaire ?
La Cour ne se prononce pas sur le médical, mais nous avons évidemment besoin d’être éclairés : nous mobilisons des expertises médicales sur les sujets abordés, soit par des collaborations ponctuelles, soit par le biais d’auditions. Par ailleurs, plusieurs médecins participent à nos travaux, dont l’ancien Directeur général de la santé (le Pr Benoît Vallet a été nommé conseiller-maître à la Cour en 2018, ndlr).
Quels sont les dossiers sur lesquels la Cour a eu, selon vous, le plus d’impact au cours de ces dernières années ?
Nos travaux sur certains établissements publics, sur la gestion des organismes de sécurité sociale, sur la vaccination, sur les mutuelles étudiantes, sur le RSI, sur les hôpitaux, en lien avec les chambres régionales des comptes… Trois quarts de nos recommandations sont mises en œuvre à trois ans (voir p. 2, ndlr).
Et concernant vos appels répétés à une meilleure tenue des comptes sociaux ?
Le succès est moins net sur ce plan… Nos comptes sociaux étant continûment déficitaires depuis 2001.
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