Six mois après leur premier rapport, les experts chargés d’évaluer la réponse mondiale à l’épidémie de Covid-19 estiment que les efforts entrepris pour mettre fin à la pandémie et améliorer le système sanitaire à l'international restent « inégaux et fragmentés ».
Les deux anciennes coprésidentes du Panel indépendant pour la préparation et la riposte aux pandémies, mandatées par l’Assemblée mondiale de la santé, ont rendu public, ce 22 novembre leur rapport intitulé « Losing Time », qui prend la forme d’une évaluation des progrès réalisés en matière de gouvernance, de financement, d'équité, d'instrument juridique et de renforcement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une inéquité vaccinale préoccupante
« Nous sommes encouragés de voir un certain mouvement pour combler les lacunes majeures exposées dans la préparation et la riposte mondiales à une pandémie. Les conversations se déroulent dans de nombreux endroits appropriés », indique Helen Clark, ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande et coprésidente du Panel.
Mais, si les discussions se poursuivent par exemple à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au sujet d'une dérogation temporaire des droits de propriété intellectuelle, notamment sur les vaccins contre le Covid-19, « l'iniquité reste très préoccupante », avec une couverture très faible dans les pays les plus pauvres.
« Alors que les pays riches ont pris des engagements publics, seule une fraction des doses redistribuées a effectivement été délivrée. L'idée qu'un agent de santé pauvre n'est pas protégé tandis que les personnes en bonne santé et riches reçoivent des doses de rappel devrait présenter un profond dilemme moral », déplore Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Liberia, corécipiendaire du Nobel de la paix en 2011 et coprésidente du Panel.
Dénonçant une « prise d’otage » de la santé mondiale par l’industrie pharmaceutique « dans un souci de profit », le rapport alerte également sur les promesses de dons « gâchées » par des livraisons de vaccins « presque périmés », créant « une occasion manquée de protéger les gens ».
Des progrès sont néanmoins relevés. Les annonces de nouveaux hubs de production de vaccins à ARNm en Amérique latine et sur le continent africain ainsi que les accords de licence pour les antiviraux de Merck et Pfizer via le Medicines Patent Pool sont saluées. Le rapport se félicite également de la création de nouveaux instituts de partage d’informations et de surveillance des agents pathogènes, en Suisse et en Allemagne.
En attente de « résultats réels »
Néanmoins, des recommandations clés du Panel restent à mettre en œuvre, alors que le besoin de réformes et de « résultats réels » est « urgent ». Ainsi, si les discussions sur l’augmentation des contributions des États à l’OMS sont en cours, celles sur la réforme de l’institution sont renvoyées à mai prochain. « Nous exhortons les États membres à passer moins de temps à débattre des virgules en commission alors qu'une pandémie fait toujours rage, que des gens meurent et qu'une nouvelle menace de pandémie pourrait survenir à tout moment et n'importe où », avertit Helen Clark.
En préface de leur rapport, les coprésidentes jugent « impératif » de saisir l'occasion de la crise pour apporter des changements. « Ce qu'il faut maintenant, c'est que les pays fassent un dernier effort pour que la création d’un monde plus sûr ne nous glisse pas entre les doigts, écrivent-elles. Si cette pandémie ne peut pas catalyser un réel changement, qu'est-ce qui le fera ? »
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