LA FLAMBÉE épidémique de poliomyélite qui sévit actuellement au Tadjikistan rappelle que la région Europe de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), considérée comme exempte de poliomyélite depuis 2002*, n’est pas à l’abri d’une nouvelle circulation du virus à partir de cas importés de pays où la maladie est encore endémique, à savoir l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde et le Nigeria. « Il existe dans beaucoup de pays européens des poches de populations qui ont une faible couverture vaccinale et l’introduction d’un poliovirus peut conduire à une nouvelle circulation du virus », expliquent Nokleby et col. dans « Eurosurveillance » (n° 17, 29 avril). La vigilance est donc de mise. Tant que la poliomyélite ne sera pas éradiquée dans le monde, un objectif prévu en 2012, Il est important que les pays assurent « une couverture vaccinale élevée (3 doses), y compris une dose de rappel en cas de voyage dans un pays d’endémie et renforcent leur système de surveillance afin de détecter le plus tôt possible les cas importés », poursuivent les experts de l’ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control).
Chez les enfants.
L’OMS rappelle aussi que 90 % des cas d’infection par le poliovirus sont asymptomatiques. Les premiers cas sont apparus au Tadjikistan en décembre 2009, mais c’est au début du mois d’avril dernier que le bureau OMS a été prévenu de l’augmentation des cas de paralysie flasque aiguë dans plusieurs régions du sud-ouest du pays, à la frontière de l’Afghanistan et du Pakistan. Le 21 avril, 120 cas ont ainsi été notifiés. Deux jours plus tard, l’OMS confirmait la présence de poliovirus sauvage de sérotype 1 (WPV1) dans 7 échantillons prélevés chez des enfants atteints de paralysie, ce qui constituait « la première importation de poliovirus » en Europe depuis 2002. L’épidémie s’est ensuite intensifiée, avec 172 cas déclarés, dont 12 décès et 32 cas confirmés au laboratoire de référence de Moscou (Fédération de Russie), l’Institut Chumakov pour la poliomyélite et les encéphalites virales. Des analyses génétiques suggèrent que le virus à l’origine de l’épidémie proviendrait de l’état de l’Uttar Pradesh, en Inde. La plupart (80 %) des malades sont des enfants âgés de moins de 5 ans.
Le pays a déjà connu deux flambées épidémiques en 1991 et 1994, avec respectivement 111 et 26 personnes touchées. Le dernier cas clinique confirmé remontait à 1997. Toutefois, la couverture vaccinale pour le vaccin contre la poliomyélite n’était en 2008 que de 87 %, un niveau un peu en deçà de l’objectif de 90 % fixé par l’OMS.
À la demande des autorités du Tadjikistan, l’OMS a constitué un groupe d’experts multidisciplinaire composé de cliniciens, d’épidémiologistes et de virologues afin de mener les investigations et de mettre en place des mesures adaptées en particulier dans les pays voisins. L’Afghanistan et le Pakistan font aussi l’objet d’une surveillance. Des cas de poliomyélites sont régulièrement rapportés – 8 et 13 cas à sérotype 3 et 1 en 2010. Toutefois, dans les zones à la frontière du Tadjikistan, aucun cas n’a été recensé.
Du fait d’échanges limités entre le Tadjikistan et les pays de l’espace Schengen (moins de 2 200 demandes de visas en 2009), les experts estiment que le risque d’une extension de l’épidémie vers les autres pays européens est « limité ».
* Le dernier cas autochtone avait été signalé en Turquie en 1998, soit le délai de trois ans nécessaire pour que l’OMS déclare une région indemne.
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