Quelle est la valeur du soin ? La question est abyssale… ce qui n’empêche pas un groupe de sociologues, de philosophes ou encore de spécialistes des sciences de la gestion de tenter d’y trouver une réponse dans le cadre de la chaire « Valeurs du soin centré-patient », coordonnée par l’université Lyon 3 et co-financée par le labo belge UCB.
Ces chercheurs se sont donnés neuf ans pour parvenir à construire de nouveaux indicateurs. Et ce ne sera certainement pas de trop. « C’est une chaire d'études critiques », avertit Jean-Philippe Pierron, philosophe qui en assure la direction. « Cela veut dire que nous allons questionner la pluralité des modèles en place pour en vérifier la pertinence dans l'intérêt des patients. » Et comme l’objectif est de construire des indicateurs, les systèmes d’information sont la cible de toutes les flèches. « On voit bien qu’ils ne font qu’agréger les données, et ne permettent pas de penser la mesure de la valeur des soins », attaque Didier Vinot, professeur de sciences du management et co-directeur de la chaire. Pour parvenir à développer une mesure plus proche de la réalité, il faut d’après les chercheurs de la chaire remettre le patient au cœur des préoccupations, retracer son parcours dans son individualité… bref, il faut inventer « des outils qui n’existent pas », résume Didier Vinot.
Voyage vers une destination inconnue
Quant à savoir à quoi ces outils ressembleront, mystère. « On ne sait pas ce qu'on élaborera, reconnaît le chercheur. Ce dont nous sommes sûrs, c’est que les systèmes actuels, avec des indicateurs qui s'appuient sur un découpage par pathologie ou par niveau de dépendance, ne sont pas satisfaisants. Nous voulons partir d’autre chose, notamment d’outils qui existent en psychologie sociale. » À défaut de connaître la destination de leur voyage, les chercheurs embarqués dans l’aventure savent quels moyens ils vont employer pour l’atteindre. D’abord, pendant trois ans, la chaire initiera des travaux de terrain dans différents pays (France, Chine, Mexique, États-Unis…). Elle créera ensuite un séminaire permanent et financera diverses thèses. « Dans neuf ans, nous aurons un espace de formation destiné aux professionnels de santé », espère Didier Vinot. Ce ne sera pas un espace de formation standard, plutôt quelque chose comme un think-tank, une fabrique de projets. » En attendant, les chercheurs sont déjà au travail. Et, prévient Jean-Philippe Pierron, ils s’attendent à tout… même à ne rien trouver. « Peut-être que l'ambition consistera à montrer qu'on ne peut pas trouver d’indicateurs, avertit le directeur de la chaire. Et ce serait quand même intéressant. »
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