LE QUOTIDIEN : La mise en place de la cellule « soins des soignants » a-t-elle été rendue possible par l’épidémie ?
MARIE-FREDERIQUE FERRY ET Dr EDEM ALLARDO : Jusque-là, aucune initiative coordonnée n’avait été mise en place au CHRU de Nancy, même si individuellement, des demandes de massages, d’automassages ou de relaxation avaient été formulées individuellement par certains soignants.
Lorsque les soignants des services de kinésithérapie, de médecine du sport et d’activité physique adaptée ont été déployés comme renforts dans les services COVID, ils ont perçu un bruit de fond amplifié par l’élan de solidarité conjoncturel. Il coexistait une demande de « se défouler en faisant du sport », de ne plus seulement « penser COVID au travail et chez soi », « de prendre du temps pour soi », et aussi une volonté des kinésithérapeutes, des étudiants de l’IFMK (Institut Lorrain de Formation en Masso-kinésithérapie), des enseignants en activité physique, des psychologues de participer à une initiative fondée sur une volonté locale de mieux prendre en charge des équipes durement affectées par l’intensité particulière de l’épidémie dans notre région. Ces initiatives ont été encouragées par les Prs Bruno Chenuel (pneumologie) et Jean Paysant (médecine physique et réadaptation).
Comment, en moins d’un mois, une cellule multidisciplinaire a-t-elle pu être mise en place ?
Nous avons constaté qu’il existe une forte solidarité entre les équipes de l’hôpital, un véritable collectif qui s’est volontairement et facilement créé. Dans un premier temps, c’est l’équipe du Centre Universitaire de Médecine du Sport et Activité Physique Adaptée (CUMSAPA) qui s’est mobilisée, forte de l’obtention récente du label interministérielle Maison Sport Santé. À ce titre, une salle de 100 m2 était en cours d’aménagement et, en collaboration avec le Comité Départemental Olympique de Meurthe et Moselle (CDOS54) et une enseigne d’articles de sport, des équipements ont pu rapidement être mis à disposition : sac de frappe, ergocycles, step, table de ping-pong… Les premiers agents soignants et administratifs ont été accueillis dès le 6 avril.
La cellule de soin aux soignants s’est ensuite enrichie d’autres intervenants qui, en silo, avaient déjà travaillé sur cette problématique : les masseurs-kinésithérapeutes, les psychologues, les sophrologues, les hypnothérapeutes. C’est un collectif qui a émergé aidé par une forte réactivité des services administratifs et qui en temps record a pu proposer un large panel d’interventions individuelles ou en petits groupes sur rendez-vous et en respectant les règles d’hygiène.
Deux sites d’activité physique ont été aménagés (au sein des deux entités du CHRU) et les consultations individualisées ont été réalisées dans des lieux disponibles du fait de la fermeture de certaines consultations en raison du COVID. Ces lieux ont été choisis volontairement en dehors des secteurs de soins afin de renforcer la sensation de pause et de « lâcher-prise ».
Comment avez-vous fait connaître cette initiative et quel retour avez-vous eu des agents qui l’ont utilisée ?
Les agents ont été sensibilisés par le biais de l’intranet hospitalier et du service de communication du CHRU. L’ensemble des rendez-vous était coordonné par un service unique permettant de dispatcher les demandes et de les individualiser. Les séances – toujours animées par des intervenants spécifiques – étaient planifiées sur une durée de 45 minutes, et elles étaient suivies d’une désinfection et aération de 15 minutes.
Nous avons le sentiment que cette initiative a été proposée au bon moment puisque la quasi-totalité des créneaux proposés ont été utilisés (en moyenne 60 personnes par semaine en activité physique, 75 en massage et automassage, 20 en relaxation). Jusqu’à présent, nous avons privilégié l’accès au plus grand nombre et, de ce fait, les passages multiples individuels ont été limités.
Quant à l’avenir, il est difficile de se prononcer déjà formellement : c’est à l’institution de décider. Nous avons de bons retours de la part des utilisateurs, et ce type d’approche est déjà largement utilisé dans les entreprises privées. Grâce au Label Sport Santé, des actions spécifiques pourront être mises en place sur le long terme et ce d’autant plus qu’un partenariat a été établi avec le CDOS 54 pour la mise à disposition d’un ETP qui pourraient animer des séances sportives.
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