Voilà un travail passé relativement inaperçu et qui, à huit jours d’une nouvelle journée de mobilisation, éclaire le conflit des urgences sous un jour inhabituel. Alors que la plupart des publications font du recours inapproprié des patients le facteur numéro un de l’engorgement de ces sites, cette étude française publiée dans le « British medical journal quality and safety » secoue un peu les certitudes. Pour évaluer le sérieux des sollicitations des patients, les auteurs ont retenu un échantillon de près de 30 000 personnes et ont jaugé la gravité des cas, mais aussi les suites en termes d’examens complémentaires voire d’hospitalisation. Et, surprise ! Les demandes non justifiées évolueraient entre 6 % et 27 % selon les critères retenus. Une estimation bien inférieure aux 20 à 40 % souvent avancées et qui suffit à jeter le doute, alors que le gouvernement doit présenter mi-novembre un plan dont la philosophie vise surtout à développer les solutions d’amont. Censé voir le jour avant l'été, le nouveau service d’accès aux soins (SAS) est fait pour ça, mais aussi la création de maisons de garde supplémentaires en sus du dispositif existant, la future tarification « populationnelle » des urgences et bien sûr le controversé forfait de réorientation vers la ville bientôt expérimenté. Cette nouvelle étude, coordonnée par le Dr Youri Yordanov de l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP) interroge un peu sur l'efficacité de ces solutions. Et si elle pose en l’état plus de questions qu’elle n’en résout, elle met le doigt sur la complexité du rapport des Français à leur système de soins, qui fait de la crise actuelle un véritable sac de nœuds. Les pouvoirs publics doivent donc méditer ses conclusions, même si certaines de leurs intuitions se trouvent tout de même validées par l’enquête : le lien entre précarité et recours aux urgences, par exemple, et une corrélation fréquente entre le fait de sonner à la porte de l'hôpital et les difficultés d'accès au généraliste. Deux problèmes auxquels le plan Buzyn entend de fait s'attaquer.
Éditorial
Urgences ressenties ?
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Publié le 07/11/2019
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Jean Paillard
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Source : Le Quotidien du médecin
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