L’INSTRUCTION est bouclée. Pour le Dr Philippe van Winkelberg, elle se sera limitée en tout et pour tout à une audition de quatre heures, en novembre 2008, devant les juges Yann Daurelle et Martine Vezant. Les magistrats lui ont notifié sa mise en examen pour trois chefs : escroquerie, aide au séjour irrégulier de mineurs étrangers et exercice illégal de l’activité d’intermédiaire en vue d’adoption. Les mêmes délits sont reprochés à Éric Breteau, le président de l’Arche de Zoé, et à sa compagne Émilie Lelouch, après leur tentative ratée d’exfiltration de 103 enfants, du Tchad vers la France, enoctobre 2007.
C’est maintenant le parquet qui va notifier ses réquisitions, avant le 15 janvier. Dans le cas d’un renvoi devant le tribunal correctionnel, le procès de l’Arche pourrait se dérouler fin 2010. Tout en espérant bénéficier d’un non-lieu, le médecin, qui présidait l’association des familles françaises candidates à l’hébergement des enfants, déclare ne pas redouter une comparution devant les juges : « Avant de m’envoler pour le Tchad, révèle-t-il, j’avais pris soin d’informer au sujet de cette opération le sous-préfet de Castellane, le président du conseil général des Alpes de Haute-Provence, Jean-Louis Bianco, le président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, Michel Vauzelle, ainsi que le directeur du SDIS (Service départemental d’intervention et de secours). Aucun d’entre eux, à aucune moment, ne m’a dissuadé de participer à ce transfert d’enfants, qui devait s’effectuer avec toutes les autorisations administratives. »
Fier de son engagement.
Le Dr van Winkelberg s’estime aujourd’hui « fier de son engagement » au service d’une cause qu’il croyait sincèrement juste. « Si des erreurs opérationnelles ont été commises, concède-t-il, elles ne sont pas de mon fait. Et si certaines sont imputables à Éric Breteau, d’autres incombent à des manipulateurs extérieurs à l’association. »
Après avoir passé six mois en prison, le praticien, qui a repris son activité de généraliste (« le Quotidien » du 10 avril 2008) a tout d’abord « fait le mort » après sa libération, parce que, confie-t-il, « après les événements, j’ai accusé le choc. Mais aujourd’hui, poursuit-il, je n’ai toujours pas pris mon parti du sort fait aux enfants victimes du génocide et du jeu trouble d’un certain nombre d’acteurs locaux et internationaux ».
Après le premier procès, en décembre 2007, à N’Djamena, qui s’était conclu par des peines de huit ans de travaux forcés pour tous les inculpés, et qui avait été dénoncé à l’époque comme une parodie de justice, le second procès, s’il a lieu comme c’est vraisemblable, devrait fournir aux protagonistes l’occasion d’un grand déballage médiatique.
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