« L’arrivée de l’artémisinine, dans les années quatre-vingt-dix, est survenue à une période très préoccupante au début des années quatre-vingt-dix, au cours de laquelle les traitements à base de chloroquine commençaient à ne plus fonctionner, se souvient le Dr Bernard Pécoul, directeur exécutif de l’initiative pour les traitements des maladies négligées (DNID). Ces traitements ont permis à la communauté internationale de réagir avec la création la création du fonds mondial et le développement de médicaments adaptés à la situation. » En 2007, DNDI et Sanofi ont ainsi développé une association fixe d’artésunate (un dérivé semi-synthétique du groupe de l’artémisinine) et d’amodiaquine, en prise orale quotidienne pendant 3 jours.
Pour le Pr Arnaud Fontanet, responsable du laboratoire d’épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur de Paris « le Coartem (artéméther et luméfantrine) a été un des gros piliers du programme "Roll Back malaria" avec les moustiquaires imprégnées et les pulvérisations intradomiciliaires rappelle-t-il au cours des 20 dernières années, on a assisté à un déclin des maladies parasitaires, à tel point que l’on parle de phase d’élimination pour certaines régions du monde. »
La filariose au bord de l’éradication… ou pas
Est-on pour autant sur le chemin de l’éradication ? En ce qui concerne les filarioses cutanées ou lymphatiques, « on est à la limite de l’élimination, estime le Dr Gilles Riveau, du centre d’infection et d’immunologie de Lille, il n’y a pas de résistances documentées, car la famille des ivermectines est très large et permet de contourner les résistances. Il faut tout de même reconnaître que la couverture des pays d’Afrique centrale et de l’Ouest n’est pas parfaite car, même si le médicament est peu cher, il y a toute une logistique coûteuse à mettre en place. »
Le Dr Pécoul, lui, ne croit pas à l’éradication avec les outils disponibles. « Pour éradiquer les filarioses d’une région donnée, Il faut répéter les campagnes de masse d’ivermectine régulièrement sur une période de 15 ans explique-t-il. L’ivermectine tue les jeunes vers et n’a pas d’effet sur les vers adultes. Ce qu’il faudrait maintenant, ce serait un macrovermicide. C’est pour cela qu’il faut poursuivre les recherches des produits plus efficaces. » Selon les derniers rapports de l’Organisation mondiale de la santé sur le sujet, les pays d’Afrique centrale sont loin d’avoir atteint les objectifs de réduction de l’onchocercose tandis que la filariose lymphatique reste présente dans de nombreuses régions d’Afrique, et d’Asie du Sud comme le Bangladesh, le Népal et la Birmanie (Myanmar). « Contrairement au paludisme, l’onchocercose et la filariose lymphatique restent des maladies négligées car elles ne concernent "que" les populations locales et ne touchent ni les voyageurs ni les populations expatriées », explique pour sa part le Pr Arnaud Fontanet.
La résistance venue d’Asiea
Dans le cas du paludisme, l’artémisinine ne marque pas la fin du voyage non plus : en décembre dernier, l’équipe de l’Institut Pasteur du Cambodge a décrit dans un article paru dans « Science » le locus K13 où se situent des gènes de résistance à l’artémisinine. Dans la foulée, un test in vitro de diagnostic des parasites résistants a été mis en place et une étude menée par les instituts du réseau Pasteur sur l’ensemble des zones impaludées doit bientôt fournir une carte mondiale des résistances à l’artémisinine.
Comme les premières résistances à la chloroquine, au Fansibar (sulfadoxine et pyriméthamine) puis la méfloquine, les premières résistances à l’artémisinine ont été décrites en Asie du Sud : au Cambodge. « À chaque fois, la résistance s’est propagée aux autres régions du monde. Il n’y a pas de raison que le même scénario ne se reproduise avec l’artémisine », souligne le Pr Fontanet.
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