TÉMOIN DE CE qu’il nomme la première révolution thérapeutique, grande aventure dont le début date des années quarante, l’auteur écrit, dit-il, pour nous alerter sur la mécanique suicidaire en marche dans notre pays alors que s’amorce la deuxième grande révolution thérapeutique. « Sera-t-elle aussi fructueuse que la précédente ? Il le semble bien. En serons-nous ? C’est moins sûr », déplore-il. Pour nous en convaincre, l’auteur se propose de nous faire découvrir les réalités de la situation actuelle du médicament en France. Sans partialité mais sans concession. Son exposé des défis à relever dans les années à venir est aussi instructif que son analyse du médicament « ce produit pas comme les autres ». Le monde change et le médicament avec lui. Cette révolution des biotechnologies, des thérapies géniques, de la thérapie cellulaire, des biomarqueurs, des traitements personnalisés et des médicaments orphelins a un coût. Non seulement pour exister mais aussi pour être appliquée. Ainsi le défi n’est pas seulement scientifique et humain, il est aussi économique explique l’ancien chef d’entreprise du médicament. Dans un futur proche, notre système, fondé sur des méthodes économiques de calcul classique, sera sans doute inapplicable et obsolète. Un nouveau système est donc à inventer tant pour assumer les procédures de développement, que pour répondre aux coûts de recherche ou pour modifier l’assurance-maladie. Ayant longtemps occupé la deuxième place parmi les découvreurs de médicaments, la France est aujourd’hui à la sixième place, devancée par les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon et la Suisse. Allons-nous encore poursuivre notre régression et nous laisser dépasser par la Chine, La Corée et l’Inde, se demande-t-il ? Comment promouvoir la recherche et le développement, seule solution pour ne pas rester sur le bas-côté, protéger les chercheurs, encore particulièrement motivés et créatifs dans notre pays, comment préparer la relève alors que près de la moitié des effectifs va devoir être remplacée d’ici une quinzaine d’années ? Rien n’est fait en France pour sensibiliser le futur médecin, ni le futur pharmacien, à la recherche médicale, clinique ou thérapeutique pendant les études affirme-il ; pas grand-chose non plus attirer les chercheurs. Pourtant, en plus de la notoriété scientifique et, peut-être, de l’équilibre économique de notre pays, leurs succès sont aussi la meilleure promesse de notre santé à venir.
Obstacles économiques, politiques, bureaucratiques rencontrés par la recherche publique ou par les industriels du médicament, poids de l’opinion publique, Pierre Joly analyse avec savoir-faire et passion ce qui risque bien de nous exclure de cette deuxième révolution thérapeutique si rien ne change.
*Pierre Jolly, Les médicaments du futur, Odile Jacob, 23 euros, 230 pages.
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