Plus de 25 000 manifestants selon les organisateurs, près de 9 000 selon la préfecture à Paris, des actions dans toute la France, et quelques blocages à Sciences Po Paris et Lille, Paris 13, ou Aix-Marseille... Le monde de la recherche publique, laboratoires et universités, chercheurs et étudiants, a vivement protesté ce 5 mars contre la future Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), qui doit être prochainement présentée en Conseil des ministres.
À l'heure où l'épidémie de coronavirus met sur le devant de la scène le rôle essentiel des scientifiques, « la recherche est incertaine, prend du temps et ne marche pas dans l'urgence », a rappelé Bruno Canard, spécialiste des virus au CNRS, déplorant le manque de financement jusque là pour lutter contre ces virus.
Dans le cadre de la LPPR, le Président Emmanuel Macron a bien fixé comme objectif d'investir 3 % du PIB dans la recherche, mais les premiers éléments du projet porté par la ministre de l'enseignement supérieur Frédérique Vidal font craindre aux laboratoires publics et universités une dégradation des conditions de travail et le renforcement de la précarisation.
Contre le financement exclusif par projet
Les chercheurs, dont les revendications sont en partie portées par la Coordination nationale des facs et labos en lutte (qui rassemble 111 universités et écoles, 290 labos, et 145 revues scientifiques), s'opposent en priorité au financement par projet. « Cette logique de précarisation qui se développe depuis une quinzaine d'années n'est pas tenable. Les laboratoires ont besoin de crédits réguliers pour fonctionner », dénonce auprès du « Quotidien » Josiane Tack, secrétaire générale du syndicat national des travailleurs de la recherche scientifique (SNTRS-CGT), qui réclame notamment un plan de recrutement des titulaires et le renforcement de statut de fonctionnaires.
Le retrait de la LPPR ou des démissions
Un collectif de 800 universitaires et chercheurs estime, lui, dans « le Monde », qu'un pilotage centralisé de la recherche, voulu par le gouvernement, signe « une mainmise du politique sur le scientifique ». Les signataires s'élèvent aussi contre « l'esprit inégalitaire de la LPPR qui renforce la mise en concurrence généralisée des établissements, des unités de recherche, des disciplines et des personnels », « contre-productive et accroissant les risques de fraude ou de dérive éthique ».
Les signataires mettent en jeu leur démission de leurs fonctions et mandats de responsabilités administratives en cas de passage en force du projet de LPPR.
De son côté, la coordination nationale se réunit ces 6 et 7 mars et devrait à l'issue de ces deux jours, annoncer de nouvelles dates de mobilisation jusqu'à la fin du mois. Et une réunion intersyndicale se tiendra ce 10 mars.
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