Fondée par les chercheurs français Xavier Duportet (un ancien du MIT), David Bikard (de l’Institut Pasteur et ancien membre de l’université Rockfeller) ainsi que les Américains Luciano Marraffini (Université Rockfeller) et Thimothy Lu (MIT), Eligo BioscIence a été montée en mai 2014 pour travailler sur des applications cliniques la technologie des éliobiotiques.
Ces antimicrobiens extrêmement spécifiques, pourraient se montrer capables de cibler des souches bactériennes très particulières sans perturber le reste de la flore bactérienne.
Le chouchou de la biotech
Ils consistent en un assemblage CRISPR-Cas nucléase introduit dans les bactéries via la capside d’un bactériophage. L’assemblage CRISPR-Cas, un élément clé de la défense immunitaire acquise des bactéries contre les phages, est très en vogue dans le milieu de la bio-ingénierie. Ainsi la démonstration par la Française Emmanuelle Charpentier (qui dirige le département de la régulation de l’infection biologique du Helmholtz Centrum de Brunswick) et l’Américaine Jennifer Doudna (de l’université de Berkeley) que ce système pouvait être reprogrammé à façon pour modifier n’importe quel gène de n’importe quel organisme leur a valu en novembre 2014 le « Breakthrough Prize in Life Sciences » (prix des avancées capitales dans les sciences de la vie) créé par les fondateurs de Google et Facebook Sergei Brin et Marc Zuckerberg.
Les CRISPR sont des séquences ADN formées de courtes répétitions en palindrome regroupées et régulièrement espacées qui vont se fixer sur un gène particulier de la bactérie, un gène de résistance par exemple, afin de permettre à la protéine Cas de couper l’ADN et de détruire la bactérie.
Selon Xavier Duportet, « les champs d’application de cette technologie sont toutes les pathologies où il y a une dysbiose bactériennes et un déséquilibre de la flore c’est-à-dire où des bactéries virulentes sont mêlées à des bactéries bénéfiques. »
Plus précisément, les trois premières applications envisagées sont le traitement topique des souches de Propionibacterium acnes qui secrètent des molécules inflammatoires, la destruction des souches d’Escherischia coli adhérentes et invasives responsables de la maladie de Crohn, et les bactéries résistantes aux carbapénèmes colonisant le canal urinaire. « L’Avantage du montage CRISPR-Cas, poursuit Xavier Duportet, est que les séquences CRISPR sont facilement programmables, ce qui autorise une large gamme d’applications. »
Plus de deux millions pour atteindre les phases cliniques
Eligo Bioscience a été lauréat du concours mondial de l’innovation. Les 200 000 euros reçus à cette occasion ont permis de commencer leur premier programme de recherche. « On a pris une licence exclusive mondiale sur ces CRISPR », précise Xavier Duportet.
Le 8 juillet dernier, le fonds d’investissement Seventure Partners a fourni 2 millions d’euros rejoint par trois « business angel » qui ont porté le financement à 2,375 millions d’euros. La société s’accorde deux à trois ans avant d’atteindre la phase des essais cliniques. Pour l’aspect réglementaire Eligo Bioscience est assisté par Roche. « Depuis 20 ans, les laboratoires pharmaceutiques, se sont désengagés de la recherche sur les antibiotiques, explique Xavier Duportet, pour s’orienter vers les champs de recherche plus profitables. Les éliobiotiques font partie des nouvelles approches pour contourner les résistances bactériennes qui sont un problème grandissant. »
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