Le dosage sanguin de l’hepcidine, hormone du fer, peut distinguer l’anémie ferriprive (pouvant être traitée par le fer) des autres types d’anémie, selon une étude chez des enfants africains publiée dans Science Translational Medicine. Un essai en Gambie va évaluer l’utilité de ce marqueur pour guider la supplémentation en fer.
300 millions d’enfants concernés
L’anémie affecte 300 millions d’enfants d’âge préscolaire (avant 5 ans), et sa prévalence dans ce groupe de population atteint 47 % à l’échelle mondiale et 67 % en Afrique, le continent le plus touché. Étant donné les effets néfastes de l’anémie sur la croissance, le développement cognitif et l’immunité de l’enfant, les conséquences socio-économiques à long terme sont importantes dans les populations affectées.
Parmi ses multiples causes, figurent notamment la carence en fer et les infections. Si la supplémentation en fer permet de traiter l’anémie ferriprive, elle est inefficace pour les autres types d’anémie, voire nuisible en aggravant les infections et en augmentant la mortalité.
« Il s’est avéré très difficile de combattre efficacement l’anémie, mais notre étude suggère une nouvelle approche. Environ la moitié des anémies mondiales sont dues à une carence en fer et répondent à une supplémentation en fer ; notre étude permet l’identification de ce type d’anémie », explique au « Quotidien » le Dr Hal Drakesmith (Université d’Oxford, Royaume-Uni) qui souligne l’importance de bien cibler la supplémentation en fer.
Pasricha et coll. ont examiné si l’hepcidine pouvait être exploitée pour distinguer l’anémie ferriprive.
On sait que cette hormone peptidique régule les taux corporels en fer, et inhibe l’absorption de fer à partir de l’alimentation. Son expression est régulée par les réserves en fer, l’inflammation et l’érythropoïèse, et ses concentrations sont généralement faibles lors d’une carence martiale et élevées en cas de non déficit en fer et par l’infection.
« L’hepcidine est au fer ce que l’insuline est au glucose »
Ils ont dosé les taux plasmatiques d’hepcidine dans 3 groupes d’enfants africains d’âge préscolaire vivant en Gambie et en Tanzanie (n = 1338). Ils montrent que des seuils d’hepcidine permettent non seulement d’identifier les enfants carencés en fer, mais aussi de distinguer l’anémie ferriprive de l’anémie due à l’infection et l’inflammation, ainsi que prédire quels enfants incorporeront plus de 20 % d’une dose de fer oral dans leurs globules rouges.
« L’hepcidine représente non seulement un "marqueur" du statut en fer, mais c’est aussi l’hormone qui contrôle son absorption. Dans une analogie grossière mais explicite, l’hepcidine est au fer ce que l’insuline est au glucose. Doser l’hepcidine offre donc des renseignements sur de nombreuses affections médicales dans lesquelles le fer, ou les traitements qui utilisent ou ciblent le fer, joue un rôle (comme la thalassémie, l’insuffisance cardiaque...) », remarque le Dr Drakesmith.
Encouragés par ces résultats, les chercheurs conduisent actuellement un essai clinique en Gambie. « Dans un bras de l’essai, le fer ne sera administré que si les taux sanguins d’hepcidine sont en dessous d’un seuil défini. Dans les autres bras, le fer sera donné indépendamment du taux d’hepcidine. L’étude établira si le traitement martial guidé par l’hepcidine permet de développer des programmes de supplementation en fer plus efficaces et plus sûrs. »
Science Translational Medicine, 7 mai 2014, Pasricha et coll.
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