LA VILLE DE LILLE accueillait mardi la dernière étape des cinquièmes « Semaines du dialogue » organisées par les Entreprises du Médicament (LEEM). Le public lillois y est venu nombreux pour débattre autour du thème « Notre santé : demain, quels progrès ? ».
Médecine personnalisée, dépistage génétique, recherche translationnelle, nanotechnologies… Les progrès réalisés par la médecine ont été fulgurants ces dernières années. Au point d’accroître le fossé entre chercheurs et patients. En organisant ces rencontres, le LEEM souhaite familiariser le grand public avec les nouvelles thérapeutiques et techniques médicales.
Les récentes affaires très médiatisées de décès liés à des médicaments nourrissent la méfiance des Français à l’égard des laboratoires. Mardi soir, de nombreuses questions sur le Mediator ont été posées aux intervenants : pourquoi un retrait aussi tardif ? Les expertises sont-elles crédibles ? Quelles sont les garanties pour les patients ?
« La France est l’un des pays les plus durs pour l’acceptation de nouvelles molécules. Mais il est difficile d’atteindre le risque zéro, explique le Pr Bernard Sablonnière, vice-doyen de la Faculté de Médecine de Lille. Il arrive qu’un effet secondaire apparaisse après que l’on ait traité 10 000 à 20 000 patients. »
Hervé Gisserot, président de GSK va dans le même sens : « Malgré les innombrables études menées avant d’obtenir l’AMM, on ne pourra jamais identifier tous les effets indésirables. Beaucoup de médicaments ne voient pas le jour à cause des risques encourus : on commercialise en moyenne un médicament pour 10 000 molécules testées. »
Le Pr François Pattou, chirurgien chercheur en endocrinologie au CHRU de Lille, a rappelé le rôle essentiel des médecins : « La thérapeutique n’est pas qu’une affaire de chercheurs. On ne peut oublier le rôle des docteurs qui représentent un enjeu essentiel. C’est au médecin de choisir la médication, en lien avec le patient. L’échelon individuel reste déterminant. »
En matière de progrès, il a été longuement question de l’Alzheimer, une maladie qui touche 850 000 personnes en France – 50 000 pour la seule région Nord-Pas-de-Calais. Le Pr Florence Pasquier, neurologue au CHRU de Lille a évoqué les espoirs qu’offrent les recherches actuelles. « Nous ne disposons jusqu’ici que de traitements symptomatiques. Grâce aux études menées sur les lésions du cerveau, nous espérons obtenir des marqueurs des premières lésions, pour stopper la maladie à un stade précoce. »
Bayer Scherring Pharma travaille dans cette voie : « Les recherches sont longues, et on ne trouve jamais le produit miracle, explique Markus Baltzer, son président. Nous en sommes au tout début, mais nous espérons mettre au point un produit qui visualisera les lésions plus tôt. »
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