Manger du placenta après l’accouchement n’apporte pas de bénéfices et n’est peut-être pas sans risques

Publié le 04/06/2015
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Crédit photo : Phanie

La pratique serait apparue dans les années 1970 aux États-Unis et aurait de plus en plus d’adeptes... même en Europe. Encore récemment, des stars de la téléréalité, Kourtney et Kim Kardashian, invitaient les mères à manger leur placenta après l’accouchement. Les capsules de placenta achetées sur Internet auraient, selon elles, toutes les vertus : favoriser la production de lait, prévenir le baby blues, soulager la douleur, accélérer la récupération grâce à sa richesse en fer et en vitamines ou encore améliorer l’élasticité de la peau. Au Royaume-Uni, c’est l’actrice January Jones de la série « Mad men » qui avouait avoir consommé des capsules de son propre placenta déshydraté, il y a deux ans.

Placentophagie

L’engouement pour la « placentophagie » est tel que certains malades s’enquièrent auprès de leurs médecins sur les éventuelles interactions avec leur traitement habituel. C’est ainsi que le Dr Crystal Clarke, psychiatre (Northwestern University Feinberg School of Medicine, Chicago) spécialiste de la dépression du post-partum s’est intéressée au sujet. Manger son placenta a-t-il un effet sur l’efficacité des antidépresseurs ? Surprise par la question d’une de ces patientes concernant les effets éventuels sur l’efficacité des antidépresseurs, le Dr Clarke a d’abord interrogé ses autres patients. « J’ai été étonné de constater que la pratique était beaucoup plus répandue que je ne le pensais », indique-t-elle. Le psychiatre se décide alors à réaliser une revue de la littérature. L’analyse a inclus 10 études.

Risques potentiels méconnus

La conclusion de son étude publiée dans « Archives of Women’s mental Health » est sans équivoque : aucune donnée ne permet de dire qu’il y aurait un bénéfice quelconque à consommer ce gâteau (signification de placenta en latin) fœto-maternel. Plus inquiétant, selon la psychiatre, aucune étude n’a été réalisée sur les risques éventuels d’une telle pratique pour la mère ou l’enfant (en cas d’allaitement), le placenta étant censé protéger le fœtus contre les toxines et polluants auxquels est exposée la mère. Co-auteur de l’étude ; la psychologue Cynthia Cole, s’étonne de ce que les femmes qui acceptent de consommer ces capsules de placenta ont en général celles qui font le plus attention à ce qu’elles consomment pendant la grossesse. « Il n’y a aucun contrôle sur la manière dont ces pilules sont fabriquées et les doses sont aléatoires », souligne-t-elle.

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr