Si les méningites, associées à une mortalité importante, peuvent toucher toutes les tranches d'âge, les nouveau-nés sont 30 fois plus souvent atteints que la population générale, avec une prédominance d'infections à streptocoque B. Selon des chercheurs français (Pasteur, Inserm, Université de Paris et hôpital Necker-Enfants malades AP-HP), cette susceptibilité néonatale serait liée à l'immaturité du microbiote et des barrières épithéliales. Cette découverte, obtenue dans un modèle murin, a été décrite « Cell Reports ».
Le streptocoque du groupe B est la bactérie responsable de la majorité des méningites néonatales, alors qu'elle provoque une maladie dans de rares cas chez l'adulte. La bactérie commence généralement par coloniser l'intestin, où la flore commensale bactérienne intestinale, autrement dit le microbiote, joue un rôle protecteur contre les pathogènes et contribue au développement de l'immunité. Or, le nouveau-né en est démuni, le microbiote se développant dans les premières semaines de vie.
Un accès au cerveau facilité
Dans un modèle murin, les chercheurs ont montré que cette absence de microbiote mature favorise la colonisation intestinale par la bactérie. Et ce alors que chez le nouveau-né, la fonction barrière des vaisseaux sanguins de l'intestin n'est pas suffisante pour empêcher la bactérie d'atteindre le cerveau via le sang et le système immunitaire n'est pas capable de contrôler l'infection.
L'immaturité des barrières épithéliales, c'est-à-dire l'intestin et les plexus choroïdes (interface entre le sang et le liquide cérébro-spinal), est aussi en cause, ont montré les chercheurs. Cette immaturité favorise l'accès des bactéries au cerveau. Et les chercheurs ont montré que l'activité de la voie de signalisation Wnt, impliquée dans la croissance et la différenciation des tissus, est particulièrement importante chez le nouveau-né et qu'en résulte un amoindrissement de la fonction barrière de l'intestin et des plexus choroïdes.
« Nous montrons dans cette étude comment deux facteurs liés au jeune âge, l’immaturité du microbiote et la croissance des tissus épithéliaux intestinaux et choroïdiens, sont impliqués dans la susceptibilité des nouveau-nés à la méningite bactérienne due au streptocoque du groupe B, à toutes les étapes de l’infection depuis la colonisation de l’intestin jusqu’à sa dissémination dans le cerveau », résume dans un communiqué le Pr Marc Lecuit (Université de Paris/hôpital Necker-Enfants malades/Pasteur), auteur senior de l'étude.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation