À l’occasion d’une procédure d’inventaire réglementaire annuelle, le personnel de l’Institut Pasteur a constaté en début d’année la disparition de 2 349 tubes contentant « des fragments » du virus du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), a-t-on appris ce week-end dans un communiqué de presse de l’Institut. Ces tubes étaient stockés dans un des sept laboratoires P3 habilités, sur les 18 existants dans les locaux de Pasteur, à conserver des micro-organismes et toxines hautement pathogènes (MOT). Une première enquête a été menée directement par l’Institut Pasteur : « Quand nous avons constaté que nous n’étions pas capables de retrouver ces échantillons, nous avons fait une déclaration le 8 avril à l’ANSM », explique au « Quotidien » le Pr Christian Bréchot, directeur général de l’Institut Pasteur. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) est en effet le titulaire juridique, en ce qui concerne les règles de traçabilité des MOT et la surveillance des laboratoires P3.
Jointe par « le Quotidien », l’ANSM a expliqué que l’enquête était toujours en cours pour déterminer si les règles de traçabilité avaient bien été appliquées, mais qu’il était encore trop tôt pour tirer des conclusions.
Les tentatives d’isolement du virus avaient toutes échoué
Les tubes en question contenaient des fragments de virus du SRAS issus d’échantillons naso-pharyngés prélevés sur des patients lors de l’épidémie 2003. Christian Bréchot insiste cependant sur le fait que « depuis le début, nous n’avons aucun doute sur la non-toxicité des échantillons, et ce point a été confirmé par un comité d’experts indépendants qui s’est réuni samedi ». En 2003, de très nombreuses tentatives d’isolement du virus à partir de ces échantillons avaient été menées, c’était d’ailleurs le but des recherches, ces essais avaient tous échoué. « De plus, ces échantillons ont subi une décongélation en 2012, et ont connu pendant plusieurs jours une température incompatible avec la viabilité des virus », complète Christian Bréchot.
Selon le directeur général de l’Institut Pasteur, l’hypothèse la plus probable est celle d’une destruction accidentelle, qui aurait eu lieu « au cours d’un transfert d’un congélateur à un autre lors de l’épisode de décongélation de 2012 ». Aucun scénario n’est cependant écarté, même si les experts rassemblés samedi ont estimé qu’aucune utilisation malveillante n’était possible à partir des échantillons disparus.
Une disparition « inacceptable »
Si l’enquête ne se déroule pas « dans un climat d’inquiétude », le directeur général de l’Institut Pasteur précise toutefois que cette disparition de tubes reste « inacceptable ». Trois mesures ont donc été décidées dimanche soir : la fermeture du P3 jusqu’à ce qu’à ce que les enquêteurs découvrent ce qui s’est réellement passé, le début d’un nouvel inventaire complet des MOT présents à l’Institut Pasteur ainsi que la décision d’un dépôt de plainte contre X auprès du procureur de la République de Paris. « Nous ne voulons pas écarter la piste de l’acte de malveillance, même si elle est très improbable, explique le Pr Bréchot, et le parquet à des moyens ad hoc dont ne dispose pas l’ANSM. » Une dizaine de personnes seulement avait accès à ces tubes, et les allées et venues étaient très réglementées.
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