Les laboratoires effectuant des recherches sur les maladies à prions devraient être mieux encadrés, estime un rapport de l'Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche et le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAER), publié ce 29 octobre.
Ce document officiel a été demandé à la suite du décès, dû au variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, d'une chercheuse travaillant dans un laboratoire du Commissariat à l'Énergie atomique (CEA), en juin 2019. Sa famille avait déposé plainte pour « homicide volontaire » et « mise en danger de la vie d'autrui » contre l'Institut national de recherche agronomique (INRA, aujourd'hui INRAE), pour lequel elle travaillait en 2010, période où elle a pu être exposée à des protéines prions lors d'une piqûre survenue au cours d'une manipulation.
« L'origine de la contamination ayant entraîné le décès survenu en juin ne peut être définitivement établie », indique le rapport, précisant que « l'hypothèse d'une contamination professionnelle par piqûre, (...) interroge les modalités de contamination et de dissémination de l'infection dans le corps humain. » Les auteurs invitent à ce que « les mesures de sécurité prévues et mises en œuvre dans les laboratoires concernés » soient « réexaminées ».
Ce rapport relève en effet plusieurs pistes d’amélioration pour « clarifier le cadre réglementaire » sur les mesures de sécurité dans les laboratoires manipulant des prions.
Un manque de suivi médical des agents exposés
Si les auteurs observent une « conformité réglementaire globale » des laboratoires visités et « un accompagnement effectif » des équipes de recherche par leurs tutelles en matière de sécurité, ils soulignent l’absence de prise en compte des spécificités du risque « prion ».
Le document dénonce ainsi « un suivi médical professionnel insatisfaisant » et note des besoins d’« harmonisation des pratiques » pour les activités et manipulations et de « vigilance réelle des équipes » sur les procédés de décontamination spécifiques aux prions. Par ailleurs, la gestion et l’élimination des déchets sont jugées satisfaisantes, mais la « traçabilité » doit être « renforcée ».
Dans un communiqué, le ministère de l'Agriculture, tutelle de l'INRAE, annonce la mise en place d’un suivi de l'exposition professionnelle aux prions en lien avec la médecine du travail et la publication, « dans les 12 mois », d’un guide de bonnes pratiques. Une réflexion est également « engagée » sur les risques de transmission interhumaine de protéinopathies liées à des protéines dites « prions-like » ou « propagons » impliquées dans d'autres maladies neurodégénaratives comme la maladie d'Alzheimer ou la maladie de Parkinson.
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