C’est presque une lapalissade : l’innovation sauve des vies, mais elle coûte cher. À tel point qu’elle risque, un jour, de devenir inabordable. Pour que ses molécules les plus performantes restent accessibles et pour pouvoir continuer à les vendre, le laboratoire Roche a récemment présenté à Paris son projet PRM pour des modèles de remboursement personnalisés.
En quelques mots, il s’agit de trouver des mécanismes permettant de ne plus rembourser les médicaments au milligramme ou au flacon, mais en fonction de leur efficacité pour le patient. Dans un monde où les thérapies sont de plus en plus ciblées, les prix doivent devenir plus précis, explique-t-on chez l’industriel suisse. De cette façon, les ressources limitées dédiées au médicament pourront être utilisées de manière optimale.
L’enjeu pour Roche consiste donc à différencier les prix de ses molécules en fonction de l’indication, du type de population, des combinaisons de traitement ou même, pourquoi pas, du parcours de soins. Il s’agit d’un « véritable changement d’état d’esprit », assure Corinne Le Goff, présidente de Roche Pharma France.
Pour élaborer les modèles permettant de générer les nouveaux tarifs, des informations très précises sur l’utilisation des médicaments sont nécessaires. C’est pourquoi la première étape du projet PRM est de collecter des données « en vie réelle », c’est-à-dire après la fin des essais cliniques, au plus près du patient. Et comme l’oncologie est la spécialité du laboratoire, c’est sur les molécules anticancéreuses qu’il a choisi de travailler en priorité.
Inclure jusqu’à 100 sites
Jusqu’ici, Roche a réussi à nouer des partenariats dans avec 14 centres pilotes : des CHU, des centres hospitaliers, des centres de lutte contre le cancer, des centres privés… La base de données dont le laboratoire dispose contient actuellement 2 300 dossiers. Les données sont extraites dans les services à partir des logiciels de chimiothérapie et anonymisées. Elles sont ensuite stockées et agrégées par un hébergeur qui élabore deux types de résultats : un rapport national à destination de Roche et des autorités sanitaires, et des rapports par centre, utilisables dans les établissements.
Ceux-ci se réjouissent de la mise en place du projet. Le Pr Frédérique Pénault-Llorca, directrice générale du centre Jean Perrin de Clermont-Ferrand, a pu en témoigner lors de la présentation du projet PRM : celui-ci a d’après elle déjà permis d’homogénéiser les habitudes au sein de sa structure. Même son de cloche du côté du Dr Luis Teixeira, du service d’oncologie médicale de l’hôpital Saint-Louis à Paris, qui voit dans l’outil PRM une base de données permettant de mieux évaluer les pratiques.
Le nombre de centres participant actuellement au projet est suffisant pour prouver que le concept fonctionne, affirme Frédéric Chassagnol, directeur « accès au marché et valorisation » de Roche. Mais afin d’atteindre la puissance statistique requise pour obtenir des résultats significatifs, il faudrait inclure entre 50 et 100 sites, a-t-il ajouté. Il reste donc encore du chemin à parcourir. Mais si tout se passe comme prévu, les premières propositions de modèles de tarification issues des données collectées par Roche sont attendues dès l’année 2016.
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