Les premiers résultats de l’étude clinique de phase I du vaccin candidat développé pour lutter contre le chikungunya et basé sur le virus vaccinal de la rougeole recombinant (MV-CHIK), montrent qu’il est immunogène, inoffensif et bien toléré, selon une étude menée par le Dr Frédéric Tangy, chef de l’unité génomique virale et vaccination de l’Institut Pasteur en collaboration avec la société de biotechnologie Themis Bioscience, l’Université Médicale de Vienne et le département maladies virales de l’Institut de recherche militaire Walter Reed des États-Unis. Les conclusions de l’étude ont été publiées par le journal « The Lancet Infectious Diseases ».
L’étude randomisée en double aveugle a été réalisée chez 42 individus volontaires, sans comorbidités, âgés de 18 à 45 ans entre novembre 2013 et février 2014 à l’université médicale de Vienne en Autriche. Les participants ont été divisés en quatre groupes : un groupe recevant une dose faible, une dose moyenne, une dose forte du vaccin et un groupe contrôle a reçu le Priorix (vaccin contre la rougeole). Chaque patient a reçu un rappel administré un à trois mois après la première vaccination. Le vaccin a été mis au point grâce à un vecteur dérivé du vaccin anti-rougeole. Des gènes codant « des antigènes sélectionnés du virus du chikungunya ont été introduits dans le génome du vaccin contre la rougeole. Le vaccin rougeole-chikungunya libère ainsi les antigènes du virus chikungunya directement aux macrophages et aux cellules dendritiques, les cellules présentatrices d’antigène les plus efficaces, déclenchant une réaction immunitaire spécifique », notent les auteurs dans un communiqué.
Une séroconversion de 100 % pour le rappel
Les résultats de l’étude clinique montrent que le vaccin expérimental induit la production d’anticorps dirigés contre le virus du chikungunya dans tous les groupes ayant reçu le vaccin. Le taux de séroconversion dans le groupe ayant reçu la dose faible du vaccin est de 44 %, de 92 % dans le groupe ayant reçu la dose moyenne et de 90 % dans le groupe ayant reçu une forte dose. Le rappel de la vaccination a engendré une séroconversion de 100 % de l’ensemble des participants. Aucun effet indésirable grave n’a été signalé. « Le vaccin contre la rougeole a déjà prouvé son efficacité et son innocuité sur plus d’un milliard d’individus vaccinés au cours des 40 dernières années. Cette plateforme offre donc un excellent profil d’innocuité et les avantages évidents d’un procédé de fabrication validé et éprouvé. Ces résultats montrent en outre que le vecteur rougeole peut être utilisé alors qu’une immunité anti-rougeole est déjà présente, ceci probablement parce qu’il s’agit d’un vecteur vivant réplicatif. Cela confère un autre avantage de poids à cette technologie », a expliqué le Dr Frédéric Tangy, chef de l’unité génomique virale et vaccination de l’Institut Pasteur.
De nouveaux essais avant la phase II
Même si le vaccin confirme son efficacité, il devra être testé sur des cohortes plus larges et hétérogènes afin de vérifier l’innocuité, la tolérance et la capacité du vaccin à protéger contre le chikungunya. « Nos premières données laissent penser que ce nouveau vaccin est un excellent candidat pour aider à résoudre cette urgence médicale », a poursuivi le Dr Tangy. Des résultats très « prometteurs » qui permettront aux équipes de passer à l’étape clinique de phase 2 dans un avenir très proche.
Rappelons que les épidémies du chikungunya causées par le moustique Aedes aegypti et Aedes albopictus sévissent dans les pays tropicaux mais se déplacent de plus en plus vers les pays à climat tempéré. Les premiers cas français autochtones ont été signalés dans le Var, en 2010, et à Montpellier, fin 2014.
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