DPC 2018 : enveloppe épuisée, liste d'attente ouverte, consternation des syndicats

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Publié le 14/11/2018
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Crédit photo : S. Toubon

Depuis le 7 novembre, l'enveloppe de 87,7 millions d'euros allouée aux actions de DPC des médecins libéraux a été totalement consommée. Conséquence immédiate : les praticiens qui souhaitent encore s'inscrire pour bénéficier d'une éventuelle prise en charge en 2018 sont mis sur une liste d'attente (comme en 2016).

En fonction d'éventuelles défections de confrères, les candidats sont prévenus au fur et mesure des désinscriptions. Depuis l’ouverture de cette liste d’attente, l’agence nationale du développement continu (ANDPC) a déjà pu prendre en charge 57 médecins… 

Selon la directrice générale de l'ANDPC, Michèle Lenoir-Salfati, jointe par « Le Quotidien », la section professionnelle des médecins libéraux, responsable de la gestion de l’enveloppe, a été alertée « fin octobre » de l’afflux massif d'inscriptions et de la consommation totale de l’enveloppe le 7 novembre. « Du 15 au 21 octobre, par exemple, nous avons enregistré 2 067 médecins inscrits et 1 918 la semaine suivante, c’est beaucoup ! Sur une semaine, les médecins ont engagé pour plus d’1,5 million d’euros », détaille la directrice générale de l’ANDPC.

Veto des médecins

Pour éviter de fermer les nouvelles inscriptions, l’État avait pourtant autorisé l'agence à puiser dans ses réserves trois millions d’euros à répartir entre les quatre professions qui présentaient ce risque de voir leur enveloppe totalement consommée : médecins, kinésithérapeutes, infirmiers, pédicures-podologues.

Mais cette rallonge était assortie d’une condition de régulation : affecter les fonds uniquement aux primo-inscrits, ceux n'ayant pas suivi d'action de DPC depuis 2016. Et cette condition n’a pas été acceptée par la section professionnelle des médecins libéraux. « Ils ont fait le choix de la liste d’attente plus complexe pour tout le monde alors qu’on aurait pu trouver une solution plus gérable », regrette Michèle Lenoir-Salfati.

Mauvais signal 

En tout état de cause, quelques jours après la remise du rapport Uzan sur la recertification périodique, l’annonce de l'épuisement de l'enveloppe de DPC et de la « fermeture » des inscriptions a exaspéré les syndicats de médecins libéraux. 

La CSMF fait valoir que la profession avait sous-utilisé l’enveloppe 2 017 à hauteur de 6 millions d’euros et que les réserves de l’Agence atteignent 14 millions d’euros. « Pourquoi ne pas avoir mobilisé une partie de ces fonds disponibles ? On voudrait tuer dans l’œuf la certification et l’engagement des médecins qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! », se désole le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.  Et d'ajouter que « l'enveloppe épuisée est seulement prévisionnelle puisqu'il y a toujours environ 15 % des médecins inscrits qui ne font pas finalement leur formation ». Bref, à en croire la CSMF, il aurait été possible d'éviter ce couac.   

Sur son site, MG France ironise sur ce téléscopage malheureux. « Avez-vous remarqué ? Hier, on évoquait, pour la recertification, une trentaine de journées de formation par an. Aujourd'hui, l’agence nationale du DPC nous annonce que les guichets sont fermés et l’enveloppe financière à sec, observe le syndicat de généralistes. Tenez-vous bien ! Trois jours seulement de formation sont indemnisés, il n’y en a pas pour tout le monde. Et on veut que nous en fassions 30… C’est un gag ou c’est absurde ! »

L'épine du financement

Pour Michèle Lenoir-Salfati, la question du temps nécessaire minimum de formation pour la recertification, évoqué dans le rapport Uzan, est un point à retravailler avec les professionnels. « Lorsqu'on prend les recommandations européennes, explique-t-elle, le DPC représente environ 50 heures dont 25 heures de formation formelle et 25 heures de maintien des compétences ne nécessitant pas une inscription ». 

Pour le SML, la recertification ne pourra tout simplement pas se mettre en œuvre sans relever le financement du DPC. Pour le syndicat du Philippe Vermesch, l’objectif d’une certification et d’une valorisation périodique (CAP) tous les 6 ans ne saurait être conçu sans un « effort considérable » engagé sur la formation continue des médecins dont le DPC est l’une des composantes.


Source : lequotidiendumedecin.fr