Engagée dans la formation continue depuis 20 ans, le Dr Marie-Hélène Certain, vice-présidente de MG France, pousse un coup de gueule. Très inquiète de l’absence de pilotage du développement professionnel continu (DPC), l’ex-présidente de MG Form souhaite que les médecins libéraux bénéficient de 4 jours de formation indemnisée. Elle réclame un arbitrage de Marisol Touraine.
LE QUOTIDIEN - Les textes sont parus, les instances sont installées, un budget a été alloué. Pourquoi le DPC est-il selon vous en danger ?
MARIE-HÉLÈNE CERTAIN - La formation professionnelle conventionnelle (FPC) a été supprimée alors qu’elle fonctionnait très bien. Environ 20 000 médecins généralistes différents en ont bénéficié, les organismes de formation ont progressé en qualité et sont d’un haut niveau pédagogique et scientifique. Si l’on supprime un dispositif qui marchait bien pour le remplacer par un autre qui ne satisfait pas aux besoins de formation, les médecins ne le pardonneront pas aux politiques.
Que reprochez-vous à l’organisation actuelle du DPC ?
Le dispositif initial devait être très étatique. Depuis deux ans, nous avons accompagné les modifications de ce texte. Les médecins et les autres professionnels de santé ont intégré les instances de pilotage. Or, ces instances n’ont pas de liens structurels entre elles. Il n’y a aucune gouvernance politique. L’organisme gestionnaire du DPC (OGDPC), qui les regroupe, est une institution de direction administrative, comptable et logistique. Aujourd’hui, nous avons le sentiment qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. Si nous continuons comme cela, nous allons nous crasher. Nous nous sentons grugés ! Aujourd’hui, l’OGDPC livre un message différent aux associations que la commission paritaire nationale. Cela crée des flottements.
Quel message contradictoire ?
La commission paritaire (qui réunit l’État et l’assurance-maladie d’un côté et les médecins de l’autre) a fixé à 2 990 euros le plafond d’indemnisation (organisme et médecin) pour un programme de deux jours de DPC. Pour l’OGDPC, cette somme est devenue le plafond pour le DPC annuel de chaque médecin ! Elle ne permet pas, comme nous le souhaitons, de financer 4 jours de formation indemnisés. Il faudrait pour cela un plafond de 3 700 euros par praticien. Nous avons calculé que nous pourrions former 26 000 médecins avec cette somme. Cela serait un très bon résultat. Nous en avons les moyens, nous disposons d’une enveloppe de 83 millions d’euros pour le DPC des médecins libéraux. Si on veut populariser le DPC, il faut y mettre les moyens. Et surtout, ne pas décourager les médecins qui étaient les plus impliqués dans la FPC !
Que demandez-vous au ministère de la Santé ?
Nous demandons un cadrage clair, net et précis du ministère avec un pilotage politique serré. Dans une période aussi délicate, il faut fixer un cap avec un cadrage financier précis, pas fantaisiste. Il est possible de résoudre ce problème en conservant les textes actuels. Les associations de professionnels doivent également être étroitement associées aux décisions. Enfin, le système doit être simplifié pour les praticiens. Imaginez que pour ouvrir son compte sur le futur site mondpc.fr, ils devront envoyer un scanner de leur carte CPS, de leur carte du Conseil de l’Ordre et un RIB. C’est à décourager les plus motivés.
Il faut que les médecins s’inscrivent auprès de leurs organismes, qu’ils commencent à réaliser des programmes de DPC. Les associations doivent disposer d’avances de trésorerie sinon elles ne tiendront pas le choc. L’enjeu est de populariser le dispositif et de donner confiance aux médecins.
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