UN PARTERRE agité de 400 carabins a accueilli les représentants des candidats à la présidentielle à la faculté de médecine de Nancy lors d’un congrès de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).
Intitulé « quel système de soins pour nos patients et nos futurs praticiens ? », le débat auquel participaient Jean-Marie Le Guen, conseiller santé de François Hollande, Valérie Rosso-Debord, déléguée générale adjointe de l’UMP et le Dr Jean-François Caubel, généraliste nancéen sympathisant de François Bayrou, a rapidement tourné au lynchage en règle.
Mésentente.
Inquiet comme beaucoup d’une nouvelle hausse du numerus clausus, Julien, en 3e année à Marseille, prend la parole :« Nos amphis sont déjà bien trop petits tandis que nos professeurs et maîtres de stage trop peu nombreux ». Jean-Marie Le Guen défend une « ouverture raisonnée du numerus clausus » tandis que Valérie Rosso-Debord entend « l’ouvrir en regardant les spécialités ». L’opposition de la salle est frontale. « Ne soyez pas fermés sur ce sujet ! », lance à la cantonade le député socialiste, voyant l’agitation grandir sur les bancs de l’amphithéâtre.
La mésentente entre politiques et carabins grandit encore quand est abordé le chapitre de la formation. « On veut voir enfin appliquer les stages obligatoires en libéral », entame Florian. « L’hôpital est saturé et en ville, les patients sont réticents à l’idée de consulter leur médecin libéral si un étudiant traîne dans le coin », explique Marie. L’étudiante, en 3e année à Montpellier, réclame des solutions pour « inciter les libéraux à devenir maîtres de stage ». « Il faut vous prendre en main, lâche Valérie Rosso-Debord, vous ne pouvez pas toujours tout demander à l’État ! ». L’élue de Meurthe-et-Moselle rappelle que le nombre de maîtres de stages doit augmenter de 3 500 à 7 000 d’ici à la fin de l’année grâce à la réduction de l’expérience requise (de trois à un an). « Défavorable » aux stages en clinique privée, Jean-Marie Le Guen, préfère de son côté botter en touche sur la formation en ville. « Nous ne comprenons pas pourquoi le PS s’oppose à l’élargissement des possibilités de formation en dehors de l’hôpital public, explique Pierre Hamann, président de l’ANEMF. Peut-être n’a-t-il pas bien saisi les enjeux et l’urgence du problème ».
Des politiques « complètement bornés ».
Étudiant en 3e année à Caen, James a fait le chemin jusqu’à Nancy pour obtenir des précisions sur « la limitation du secteur II proposée par le candidat socialiste », et connaître plus particulièrement « les spécialités et les zones géographiques concernées mais aussi l’impact sur le secteur I ». Jean-Marie Le Guen reste vague. Il veut que cette mesure s’applique à « l’ouest parisien » et tous les « territoires » sujets à ces « pratiques inflationnistes ». Valérie Rosso-Debord est sceptique : « Si on limite le secteur II en zones sur-denses, les médecins en question vont se déplacer en zones sous-denses, où les gens n’ont pas les moyens de payer ».
Le débat clos, les étudiants ne cachent pas leur amertume. « Sur le numerus clausus, les politiques sont complètement bornés », râle Antoine, en 2e année à Marseille. Pour Constance, étudiante « loin d’être convaincue » en 4e année de chirurgie dentaire à Rennes, « les représentants des candidats ont tourné autour du pot pendant deux heures ». Sacha n’est pas plus tendre : « Ils balancent sur des choses qu’ils ne connaissent pas », explique-t-il, avant de préciser être venu à Nancy « pour s’informer » : « En PCEM1, c’est pas comme si on avait du temps pour la politique ».
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