La Gouazette, 290 pages d’humour carabin ressuscitées sur tablette

Publié le 14/02/2015
gouazette

gouazette

Les étudiants de la faculté de médecine de Tours s’en souviennent 30 ans plus tard. Chaque mois, ils attendaient avec impatience le nouveau numéro de la Gouazette médicale, un journal satirique et loufoque, écrit et dessiné par des carabins et diffusé entre 1981 et 1983.

L’un de ses créateurs de l’époque, le Dr Étienne Olivry, s’apprête à donner une nouvelle vie à cette publication à travers une version numérique pour tablettes et pour ordinateurs (Mac et PC). « L’idée a germé il y a deux ans à l’occasion des 50 ans de la Fac de Tours. J’ai croisé de nombreux anciens qui m’ont reparlé de la Gouazette avec beaucoup d’émotion, qui se souvenaient des caricatures des profs, explique le médecin, qui se consacre aujourd'hui entièrement au dessin et à la sculture. C’était une revue très créative avec des textes ciselés et des BD très dans l’esprit de Pilote et de Fluide Glacial. »

Le financement du projet a été bouclé fin janvier et a permis de collecter les 4000 euros nécessaires aux travaux de numérisation et à l’intégration numérique par un prestataire (eBook et applis sur iOS et Android). Une petite quarantaine de donateurs ont mis la main au portefeuille en versant leur obole sur la plate-forme participative KissKissBank (à partir de 10 euros et jusqu’à 1000 euros).

Pour cette somme, ils auront accès aux 22 numéros de la Gouazette, colorisés pour l’occasion, chacun accompagné d’un texte introductif agrémenté de quelques caricatures d’Étienne Olivry, de planches de dessin inédites... Les plus généreux donateurs auront en bonus un recueil de caricatures, voire leur propre portrait à l’aquarelle. Le tout devrait être disponible au mois de mai 2015.

Un humour qui parle encore aux jeunes ?

La e-Gouazette trouvera-t-elle écho auprès des jeunes générations ? « Je suis sûr que ça va leur parler. C’est un journal sur la vie des étudiants, des externes, sur les études médicales. Il n’y a que 20% de la production qui est de l’ordre du private joke » répond Étienne Olivry.

gouazetten3_0.jpgLes thèmes abordés trouvent aujourd’hui encore écho dans l’actualité, par exemple, le Pr Tuyaudanslanus délivre ses conseils pour bien réaliser un toucher vaginal… « Les études ont changé, mais l’humour médical reste », croit Étienne Olivry qui défend ce patrimoine carabin dur comme fer, malgré la récente polémique autour de la fresque obscène de Clermont-Ferrand.

« Cette affaire est ridicule. Cette fresque n’aurait jamais dû sortir de la salle de garde, regrette Étienne Olivry. Ces dessins relèvent de la tradition. Les jeunes internes en ont besoin, ils sont au contact d’évènements difficiles et ils ont besoin d’un exutoire pour se changer les idées, penser à autre chose, faire n’importe quoi… » Avec une limite selon lui. « Ça doit rester drôle et bon enfant, sans jamais être méchant et blessant. C’est dans cet esprit que nous avions conçu la Gouazette. »

La faculté de Tours envisagerait de rendre hommage à la revue à travers une exposition qui lui serait dédiée ainsi qu’au Pr André Gouazé, doyen de la faculté de Tours pendant 22 ans, et qui a inspiré le nom de la revue satirique (*). Étienne Olivry lance également un appel à tous les médecins qui souhaiteraient (re)découvrir la Gouazette. Ils peuvent le contacter sur son blog ou sur sa page Facebook pour connaître les modalités de diffusion de la revue numérique.

(*) La Gouazette tire son nom du doyen de la faculté de Tours, le Pr André Gouazé, personnage haut en couleurs et emblématique, hissé au « rang de légende vivante » de l’enseignement. 

S. L.

Source : lequotidiendumedecin.fr