Alors que la crise sanitaire et les mesures de lutte contre la pandémie ont augmenté la consommation des écrans chez les préadolescents et les adolescents, le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) s’est penché sur les effets dits addictifs de ces pratiques et leur prévention, dans un nouvel avis rendu public le 18 juillet.
Une saisine de la DGS en 2018 avait déjà donné lieu un premier rapport du HCSP sur les effets d’une exposition précoce aux écrans sur le développement physiologique, neurocognitif et comportemental des enfants ayant un usage « classique » des écrans. Prohibant l’usage des écrans avant 3 ans et soulignant le bénéfice des écrans dans certains retards de développement, ce premier avis mettait l’accent sur le risque de surpoids, de troubles de la vision et du sommeil associés aux écrans, mais aussi sur les distributions sociales des impacts sur le développement cognitif, les apprentissages et les éventuels troubles psychiques.
Un usage caractérisé par une incapacité à contrôler la durée d’une séance
Dans cette nouvelle expertise, le HCSP se concentre sur la préadolescence et l’adolescence, périodes où peuvent émerger « les dérives addictogènes et des effets à plus long terme, entre autres, les conséquences du cyberharcèlement et de la pornographie ». L'usage dit « abusif » ou « captatif » des écrans y est défini par une incapacité à contrôler le début et la fin d’une séance.
Ces comportements restent complexes à identifier tant ils diffèrent selon le type d’écran, l’environnement social et familial, l’âge et le sexe de l’enfant, les circonstances de la vie, et le caractère propre de l’enfant. Les usages excessifs des écrans et Internet « commencent chez les jeunes de 12 à 13 ans » et « peuvent augmenter jusqu’à 15-16 ans puis diminuer ou rester stables. Le risque addictif apparaît vers 15 ou 16 ans, et il peut être associé à un décrochage scolaire (6 à 8 % des cas) », relèvent néanmoins les auteurs.
Les filles, plus focalisées sur leur smartphone, « se concentrent plutôt sur les réseaux sociaux et le chat », tandis que les garçons « ont une préférence pour les jeux en ligne », poursuivent-ils, soulignant que l’écran « peut avoir une fonction de révélateur d’une pathologie ou, au contraire, peut contribuer à soulager une pathologie ».
Si l’OMS a introduit, les addictions aux jeux vidéo dans la CIM 11, « le corps médical reste prudent pour poser le diagnostic d’addiction et adapte sa prise en charge après avoir identifié des troubles psychiques ou un environnement socio familial exposé à ce risque », notent les auteurs. Ils observent que, malgré les effets addictogènes déployés à dessein par les producteurs de technologies numériques, « les addictologues observent le plus souvent que les comportements dits addictifs de type comportemental régressent avec l’âge ou même simplement avec l’éloignement des écrans ».
Renforcer les compétences des ados face aux risques
Dans ce contexte, le HCSP préconise de renforcer la prévention, sans « systématiquement médicaliser les usages intensifs quand les utilisateurs ont la capacité de garder le contrôle sur leur usage ». Au sein du foyer, il s’agit de réguler les usages : « Jamais d’écrans dans les chambres d’enfants, pas d’écran avant 3 ans, utilisation programmée et limitée, contrôle des contenus et de la publicité », est-il indiqué. Du côté des éducateurs, outre l’exemplarité, l’enjeu sera notamment de valoriser les activités collectives, d’apprendre l’autorégulation, mais aussi « de repérer les signes d’alerte d’une utilisation excessive » et « d’identifier les enfants vulnérables qui ne savent se préserver des risques ». En milieu scolaire, les compétences psychosociales et l’apprentissage de la verbalisation des émotions suscitées par les images doivent être renforcés.
Les professionnels de santé sont invités à aborder en consultation le temps d’utilisation des écrans et les modes d’usage, à noter les pratiques sur les carnets de santé et à les interpréter au vu des conditions de la vie familiale, sociale et scolaire de l’enfant. Ils pourront également orienter vers les consultations pluri professionnelles d’addictions sans substances, pour un repérage précoce.
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