« ALORS QUE NOUS SOMMES de plus en plus informés sur la santé mentale, les représentations très péjoratives des malades, assimilés à de dangereux individus, persistent, voire sont renforcées à chaque fait divers », constate Aude Caria, coordinatrice du comité d’organisation national de la SISM et chargée de mission au Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (CCOMS) et à l’hôpital Sainte-Anne. L’un des enjeux majeurs de cette 22e semaine, qui s’ouvre lundi, est donc de déstigmatiser la maladie mentale. Comment ? En ouvrant le débat à tous. « La question de la santé mentale n’est pas proprement psychiatrique, il s’agit également d’assurer aux personnes souffrant de troubles psychiques leur intégration dans le milieu du travail, leur accès au logement, à la culture, et au vivre ensemble », précise Aude Caria.
Concrètement, chaque citoyen peut proposer une manifestation autour de ce sujet. De nombreuses institutions psychiatriques ou des groupes d’entraide mutuelle (les GEM) profitent de cette semaine pour ouvrir leurs portes. « 350 événements sont déjà programmés, les demandes continuent et sont encore plus importantes que l’année dernière », remarque Anne Pierre-Noël, responsable de la communication à l’Union nationale des amis et familles de malades psychiques (UNAFAM). « L’engagement ne cesse de grandir : lors de la création de la SISM en 1990 par l’Association française de psychiatrie, seuls les plus concernés par la maladie psychique participaient. Aujourd’hui, les élus se rapprochent de nous », confirme Aude Caria.
Le public, lui aussi, se déploie. « Notre objectif est la prévention de la maladie mentale : il faut en parler tôt pour en parler à temps », résume Aude Caria. En fonction de leur nature, les manifestations rassemblent des novices, lors d’une projection cinématographique, ou des personnes davantage averties, comme les 600 000 familles de malades, qui se tournent vers des conférences plus techniques. L’enjeu d’une telle ouverture est enfin de développer des partenariats et de favoriser la création de réseaux, structures cruciales pour insérer le malade au sein de la cité.
Une semaine pas comme les autres.
Mais cette 22e SISM ne devrait pas être comme les précédentes. L’actualité va en influencer les débats, puisque le 15 mars, le projet de loi sur l’obligation des soins (qui introduit la possibilité de soins ambulatoires sans consentement) est débattu en séance publique à l’Assemblée Nationale. « C’est un hasard de calendrier, mais nous allons profiter de cette semaine pour débattre de ce projet de loi, et confronter notre point de vue à celui des psychiatres », prévoit Jean Canneva, président de l’UNAFAM. L’association soutient en effet le texte qui révise les dispositions de la loi du 27 juin 1990, tout en souhaitant voir ses exigences aboutir, comme la mise en place de compétences psychiatriques au SAMU, la reconnaissance des aidants familiaux en tant qu’acteurs indispensables et interlocuteurs crédibles, et le maintien de la distinction entre malades difficiles et malades dangereux. Certains psychiatres, en revanche, s’opposent à cette loi qu’ils jugent sécuritaire. Les débats promettent d’être riches.
Pour connaître l’ensemble des manifestations : www.unafam.org
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