Rester ou partir ? Suspendre ou poursuivre les activités ? En Afghanistan, les Organisations non gouvernementales (ONG), présentes souvent depuis les années 1980, tentent de défendre leurs missions, dans un contexte de grande incertitude.
Ce 30 août, six ONG (Action contre la Faim, Care, Handicap international, Médecins du Monde, Plan international et Solidarités International) réunies dans le collectif Alliance Urgences, lancent un appel à la solidarité.
« À la veille du retrait américain, les associations humanitaires d’Alliance Urgences sont déterminées à poursuivre leur action auprès des plus fragiles, à répondre à leurs besoins vitaux, partout là où la vie et la santé d’hommes, de femmes et d’enfants sont menacées. Et ce, en accord avec les principes humanitaires de neutralité, d’impartialité et d’indépendance », écrivent-elles dans un communiqué commun.
Insécurité sanitaire, conflits, changement climatique, Covid…
Selon ces humanitaires, avant la crise actuelle, 18 millions de personnes, soit près de la moitié de la population afghane, étaient déjà touchées par l'insécurité alimentaire. Un tiers des Afghans se trouveraient désormais au bord de la famine, considère le Programme alimentaire mondial, et un enfant de moins de cinq ans sur deux souffrirait de malnutrition aiguë.
Par ailleurs, conséquences de décennies de conflits, près de 80 % des adultes vivent avec au moins une forme d'incapacité physique fonctionnelle, et 2,5 millions de personnes souffrent d'un handicap sévère (soit 14 % de la population). « À cela s’ajoutent les effets du changement climatique et les impacts du Covid-19. Si la communauté internationale tourne le dos aujourd’hui, les conséquences humanitaires seront désastreuses », alerte Philippe Hamel, directeur régional des opérations en Asie pour Action contre la Faim.
Reprise des activités…
L'ONG, dont les équipes sont présentes dans quatre provinces (Helmand, Ghor, Daykundi et Badakhshan), avait un temps suspendu ses activités. « Nous travaillons pour que les activités reprennent le plus rapidement possible, à commencer par les cliniques mobiles de santé et de nutrition qui permettent d’atteindre les personnes les plus isolées. Les centres de santé se préparent également à accueillir à nouveau les enfants et les femmes enceintes et allaitantes atteints de malnutrition aiguë sévère et dont le traitement a été interrompu », précise Philippe Hamel.
De même, Handicap International a repris ses missions dans quatre provinces (Herat, Kunduz, Kandahar, Nimroz), qui consistent à soutenir le seul centre de réadaptation dans le sud du pays, et à déployer des équipes mobiles dans les zones rurales reculées.
Ou poursuite, en concertation avec les talibans
De son côté, Médecins sans Frontières (MSF) a fait le choix de ne pas suspendre ses activités et de « maintenir les équipes, tant qu'on peut travailler et répondre aux besoins sanitaires », selon les mots de Sarah Château, responsable du programme Afghanistan pour MSF, au micro de France Inter.
Selon la responsable, l'ONG emploie 2 300 salariés Afghans et plus d'une cinquantaine d'expatriés présents. « En toute conscience : ils connaissent le contexte et les risques. L'équipe de Kaboul sait que, l'aéroport étant fermé, nous n'avons pas de solution immédiate pour les faire sortir », a précisé Sarah Château.
L'ONG, indépendante, a des contacts avec les talibans depuis plusieurs années. « Pour l'instant, nous avons la réassurance de leur volonté de nous voir rester et de laisser travailler tous nos salariés, y compris les femmes », indique la responsable MSF. Mais avec prudence, eu égard à l'instabilité politique. « Nous avons des garanties aujourd'hui, mais ne savons pas de quoi demain sera fait », reconnaît Sarah Château.
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