AstraZeneca : les personnes de moins de 55 ans primovaccinées devront recevoir leur deuxième injection avec un vaccin à ARNm, recommande la HAS

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Publié le 09/04/2021

Crédit photo : Phanie

Les quelque 500 000 personnes âgées de moins de 55 ans ayant déjà reçu une dose du vaccin AstraZeneca en France devront recevoir une deuxième dose de vaccin à ARN messager, de Pfizer (Comirnaty) ou Moderna, recommande la Haute Autorité de santé (HAS) ce 9 avril. Cette recommandation intervient à la suite de la reconnaissance, par l'Agence européenne du médicament (EMA), d'un lien possible entre ce vaccin et l'apparition de caillots sanguins inhabituels.

À la suite des premières alertes sur ces cas d’événements thromboemboliques, la HAS avait recommandé le 19 mars de réserver Vaxzevria (AstraZeneca) aux personnes âgées de plus de 55 ans.

« Avant cette restriction, un peu plus de 500 000 personnes de moins de 55 ans ont reçu une première dose de vaccin AstraZeneca. L’administration d’une seule dose de ce vaccin étant insuffisante pour garantir une protection durablement efficace, la HAS recommande aujourd’hui de compléter le schéma vaccinal pour cette population avec un vaccin à ARNm dans un délai de 12 semaines après la première injection », lit-on.

Un schéma de vaccination de type « prime-boost hétérologue »

Cette stratégie d'un schéma de vaccination en deux étapes utilisant pour la deuxième injection (boost) un vaccin relevant d’une technique différente de la première (prime) est appelé « prime-boost hétérologue » (ou schéma vaccinal mixte). Rare chez l'homme, elle est en cours de développement dans les vaccins contre le VIH, la grippe, l'hépatite B, a expliqué la Pr Elisabeth Bouvet. « Il n'y a aucune raison de craindre des effets secondaires particuliers. Nous souhaitons juste des études de cohorte pour vérifier la réponse immunitaire », ainsi qu'un suivi spécifique de pharmacovigilance pour ces personnes qui auront été vaccinées par le Vaxzevria puis par un vaccin à ARNm, a précisé la présidente de la Commission technique des vaccinations.

Autre argument en faveur d'une telle stratégie : tous les vaccins actuellement utilisés ou en cours de développement contre le SARS-CoV-2 ciblent le même antigène (protéine S). La HAS rappelle l'importance de s’assurer de l’accord des patients pour cette deuxième dose.

Pour les plus de 55 ans, pas de changement en revanche, la deuxième dose doit être l'AstraZeneca. « Nous recommandons la vaccination avec AstraZeneca chez les 55 ans et plus : il est efficace notamment contre les formes sévères et sauve des vies. Or l'âge est bien le premier facteur de risque des formes graves de l'infection avec le SARS-CoV-2. Si nous voulons gagner la bataille contre le virus, nous devons utiliser toutes les armes contre le virus », a insisté la directrice de la HAS, la Pr Dominique le Guludec.

La HAS confirme la pertinence de la stratégie vaccinale, malgré les variants

Dans un second avis, la HAS considère que la stratégie vaccinale en vigueur reste pertinente malgré les quatre variants présents sur le territoire français : le variant dit « anglais » (B.1.1.7), majoritaire, le variant dit « sudafricain » (B.1.351), le variant dit « brésilien » (P1), ainsi que le variant B.1.1.7 ayant acquis la mutation E484K.

« Les données de la littérature des quatre vaccins disponibles, Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Janssen, suggèrent qu’ils restent actifs contre le variant anglais », estime la HAS. L'Agence préconise aussi la poursuite des mesures locales spécifiques dans les territoires ultramarins (Guyane, La Réunion et Mayotte) où les variants détectés en Afrique du Sud et au Brésil représentent entre 40 % et 48 % des cas et en Moselle où cette proportion s’établit à 35 % : c'est-à-dire l'utilisation exclusive des vaccins à ARNm Pfizer, Moderna et Janssen quand il sera disponible. « Il n'y a pas lieu d’en faire autant dans le reste du territoire Français », précise la Pr Le Guludec.


Source : lequotidiendumedecin.fr