Une taxe sur les travailleurs immigrés risque de pénaliser le NHS

Au Royaume-Uni, les soignants étrangers de plus en plus indésirables ?

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Publié le 06/04/2017
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Toute entreprise britannique qui désire obtenir un visa pour un travailleur non issu de l'Union européenne devra désormais s'acquitter d'une taxe supplémentaire de 1 174 euros par employé et par an. Cette mesure, censée favoriser la formation de ressources humaines sur place, entre en vigueur aujourd’hui. Et elle pourrait faire mal au NHS, tout-puissant employeur de la quasi-totalité du personnel de santé de Sa Majesté. C’est du moins l’opinion des principaux syndicats de soignants.

Au mois de mars, ces derniers ont pris la plume pour écrire à Amber Rudd, ministre de l’Intérieur britannique. Leur requête était simple : exempter le NHS de ce nouveau prélèvement. « Il n’est pas judicieux d’utiliser de la sorte des fonds initialement alloués aux soins et à la formation des professionnels », ont averti le Dr Mark Porter et Janet Davies, respectivement patrons de la British Medical Association (plus grand syndicat médical) et du Royal College of Nursing (plus grand syndicat infirmier).

Facture salée

Il faut dire que le système de santé britannique dépend lourdement de la main-d’œuvre étrangère : d’après un rapport publié par l’OCDE l’année dernière, plus d’un tiers des médecins sont nés hors du pays. La facture risque donc d'être salée et se chiffrer en millions d'euros.

Le gouvernement estime de son côté que cette taxe incitera le système à former plus de professionnels nationaux. Irréaliste, répliquent les deux syndicats. « Étant donné le temps nécessaire pour former un médecin, le NHS continuera à court et moyen terme de dépendre de médecins originaires de l’UE et d’autres pays », écrivent Mark Porter et Janet Davis à la ministre. Il semble que le gouvernement de Theresa May analyse les choses différemment. Contactée par « le Quotidien », la British Medical Association précise que « malheureusement, [sa] lettre est restée sans réponse ». 

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du médecin: 9570