Le débat public doit accompagner les grandes décisions touchant à la vie et à la santé des citoyens : même virtuel, le Forum européen de bioéthique organisé chaque hiver depuis 10 ans à Strasbourg se devait d’avoir lieu aussi cette année, tout entier consacré à la crise sanitaire actuelle.
Animé par le Pr Israël Nisand et le Dr Aurélien Benoilid, le forum a invité le Pr Jean-François Delfraissy qui est entré dans le vif du sujet lors de son introduction générale : « la santé à tout prix est-elle tenable, et si l’on sacrifie les jeunes pour sauver les plus âgés, que se passerait-il si l’on faisait l’inverse ? », s’est demandé le président du Conseil scientifique Covid-19. À côté des défis posés par les restrictions des libertés, l’acceptation des contraintes ou le triage éventuel des patients, le forum a abordé l’information et les fake news en santé, les relations avec l’industrie pharmaceutique ou la « limitation de l’existence pour rester en vie », toujours sous la forme pluridisciplinaire qui fait son succès.
Un éclairage auprès du grand public
Un débat a porté sur l’activité des comités d’éthique de plusieurs pays européens lors de la pandémie. « Il est très difficile de réagir dans l’urgence car nous ne sommes pas équipés pour cela », a relevé la présidente du comité de bioéthique de Belgique, la philosophe Florence Caeymaex, dont l’instance a été notamment saisie sur les problèmes d’accès aux soins et sur les priorisations en matière de vaccins. Ce comité a choisi de ne pas céder à la précipitation… y compris en refusant de communiquer sur les réseaux sociaux et en privilégiant la presse écrite.
Au Luxembourg, les questions posées par le gouvernement à la commission de bioéthique ont porté entre autres sur la confidentialité des données recueillies et sur une éventuelle hospitalisation d’office des personnes refusant les quarantaines. La commission a par ailleurs émis un avis favorable aux applications de traçage… que le gouvernement a finalement rejetées. Le Chancelier autrichien a, lui, interrogé dès le mois de mars le comité national de son pays sur le triage en soins intensifs, ainsi que sur le traçage. En France, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) s’est exprimé à travers plusieurs avis et réponses au gouvernement, le dernier avis en date portant sur la politique vaccinale en décembre 2020.
Pour la juge luxembourgeoise Brigitte Konz, membre de la commission de bioéthique de son pays, la pandémie a permis au public et à la presse de découvrir l’existence de cette structure, auparavant rarement consultée par le gouvernement. Karine Lefeuvre, présidente par intérim du CCNE, estime, elle, que la crise a montré l’importance de la démocratie sanitaire, indispensable pour la confiance et la cohésion sociale. Et, à l’image de la présidente du comité autrichien Christiane Druml, les comités espèrent tous que la pandémie leur permettra d’améliorer leur visibilité, tout en les rapprochant du grand public
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