BACHAR EL-ASSAD a essayé de donner des gages à la population syrienne en levant l’état d’urgence. Après avoir été réprimés dans le sang, les manifestants réclament maintenant le départ pur et simple du président et de la clique qui lui dicte son comportement. Comme en Libye, l’armée a consenti à tirer sur les civils, ce qui exclut un dénouement négocié. On ne soulignera pas assez le courage des émeutiers, réduits par une propagande grossière aux marionnettes d’un « complot de l’étranger ». On ne répètera pas assez combien il est difficile de s’opposer à une dictature du monde arabe. Et, en dépit du succès des révolutions tunisienne et égyptienne, on ne dira pas assez le risque mortel qu’il y a à se dresser contre un despote et contre sa nomenklatura.
Terrain miné.
L’optimisme sur l’évolution de la situation en Syrie n’est pas permis pour le moment. C’est un pays à la fois fermé et soutenu par l’Iran, et dont les ramifications s’étendent au Liban où il exerce une forte influence. M. el-Assad n’est pas terrorisé par les interventions militaires de l’OTAN en Libye. Il cherche à mater les insurgés syriens avant que le sort de Kadhafi ne soit réglé, en sachant que les Occidentaux n’auront pas le courage d’ouvrir un nouveau front sur son territoire. D’autant que la Syrie se trouve dans une région dont tout le terrain est miné. La moindre frappe entraînerait probablement une riposte de l’Iran et du Hezbollah libanais, qui s’empresserait de tirer ses dizaines de milliers de roquettes contre Israël. Une telle extension de la guerre se traduirait par un nouvel embrasement de la région. Européens et Américains ne voudront pas en entendre parler et el-Assad le sait, qui peut assassiner ses sujets sans jouer son destin.
Si les émeutiers de Deraa ou de Homs faisaient cette analyse, ils cesseraient ausitôt le combat fort déséquilibré qui oppose des soldats armés de tanks et de canons à des lanceurs de pierres. Mais ils n’ont pas vraiment le choix. L’immobilisme politique de la Syrie ressemble beaucoup à celui de l’URSS avant la chute du Mur de Berlin. Le pouvoir syrien n’est pas que profondément illégitime, il est très incompétent. Loin de rejoindre le dynamisme des pays émergents, la Syrie est confite dans son totalitarisme depuis plus de 40 ans et n’a jamais envisagé de libérer son économie. Ses dirigeants ne sont pas des illuminés semblables à Kadhafi : aussi intransigeants qu’ils soient, ils ne provoquent les Occidentaux que par Hezbollah interposé. Ils n’ont pas réagi quand un raid israélien a détruit l’embryon d’une centrale nucléaire qu’ils souhaitaient construire avec l’aide la Corée du Nord. Le Golan annexé par Israël est la zone la plus calme de la région. Sauf au niveau verbal, ils n’entrent plus en conflit direct avec Israël.
LE COUP DE SEMONCE À LA LIBYE NE FAIT PAS PEUR À EL-ASSAD
Les limites de la force.
On a dit que l’État juif n’avait pas intérêt à perdre un partenaire qui contribue à la sécurité de ses frontières. Ce n’est pas tout à fait vrai. Le Hezbollah menace Israël et se prépare à la guerre, alors qu’un changement de régime à Damas ouvrirait la voie à des négociations de paix qui, certes, comprendraient le projet de restitution du Golan mais offrirait une solution diplomatique durable et, surtout, la perspective d’un accord de paix qui s’ajouterait aux traités conclus par Israël avec l’Égypte et la Jordanie et augmenterait dans la région la sécurité et les échanges commerciaux.
Il n’existe cependant aucune chance que l’Europe et l’Amérique, en dehors des sanctions qui vont être prises contre Damas, contribuent de quelque manière que ce soit à l’éviction du régime syrien. La difficulté croissante à se débarrasser de Kadhafi suffit à montrer les limites du recours à la force. Et le comportement inhumain du pouvoir syrien montre aujourd’hui combien le projet d’Union pour la Méditerrannée, cher à Nicolas Sarkozy, est utopique tant qu’il tentera de rassembler démocraties et dictatures. Le président, ne l’oublions pas, a cultivé ses relations avec Tripoli et Damas parce qu’il nourrissait son propre dessein. Aujourd’hui, nos avions bombardent Tripoli et nous dénonçons la répression en Syrie. Il n’existe qu’un espoir, à long terme : comme disait Lincoln, on peut pas tromper tout le peuple, tout le temps. Les régimes iranien et syrien, un jour, périront dans l’incendie que leurs peuples à bout de nerfs ont allumé.
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