Il concerne 30 millions de personnes dans le monde chaque année, et en tue 6 millions : le sepsis reste très mal connu des professionnels de santé (et a fortiori du grand public), qui doivent être sensibilisés à reconnaître les signes précoces, constate la Direction générale de la santé (DGS).
En mai 2017 l'Organisation mondiale de la santé demandait à l'ensemble des États d'agir pour lutter contre ce fléau. En réponse, la DGS vient de recevoir le 13 septembre dernier – Journée mondiale du sepsis – le rapport du Pr Djillali Annane, chef du service de médecine intensive réanimation (CHU Raymond-Poincaré, AP-HP) qui propose 10 mesures destinées à mieux connaître, mieux soigner et mieux surveiller la forme la plus grave des infections.
La définition du sepsis a été revue en 2016 : c'est un état aigu de dysrégulation de la réponse de l'organisme à une infection (bactérienne, virale, fongique ou parasitaire), entraînant la défaillance des organes avec un risque vital pour le patient.
Le Pr Annane préconise d'informer tous les médecins, mais aussi les pharmaciens et les paramédicaux sur le sepsis et les signes d'alerte : présence d'une infection, accélération de la respiration (plus de 22 cycles par minute), tension artérielle basse (systolique (≤ 100mmHg), confusion. Si un patient présente au moins 2 de ces symptômes, il faut agir vite, appeler le Samu (lorsqu'on est médecin de ville) ou, pour le médecin hospitalier, le réanimateur, l'infectiologue ou l'urgentiste, lit-on dans le rapport.
Le Pr Annane recommande de rendre obligatoire pour tous les étudiants du 3e cycle un enseignement spécifique sur le sepsis, de 2 à 4 heures, et de développer la formation continue sur le sujet.
Filière de soins et suivi épidémiologique
Par ailleurs, le spécialiste suggère de définir un parcours de soins spécifique pour le sepsis, qui soit formalisé dans un Protocole national de diagnostic et de soins (à l'instar de ce qui existe pour les maladies rares), afin de réduire l'errance diagnostique et permettre une prise en charge appropriée. Il demande de soutenir la recherche sur le sepsis, fondamentale, translationnelle et clinique, mais aussi en santé publique et en sciences sociales.
Enfin, le rapport propose de mettre en place un suivi épidémiologique du sepsis en France. On estime que 180 0000 personnes seraient victimes d'un sepsis chaque année. « La mortalité du sepsis est supérieure à la mortalité routière et pourtant elle passe sous le radar », regrettait déjà en 2018 le Pr Loïc Josseran, vice-président de la Société française de santé publique.
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