MG France, le Syndicat des jeunes médecins généralistes (SNJMG) et le Syndicat de la médecine générale (SMG), ont réclamé ce jeudi 19 mai, la suppression du ticket modérateur pour les soins primaires.
En février, les trois syndicats de généralistes avaient déjà écrit une lettre au gouvernement et à la ministre de la Santé pour demander « l'exonération du ticket modérateur en soins de santé primaire ». Ils souhaitent la suppression de la partie des dépenses de santé restant à charge après le remboursement de l'assurance-maladie obligatoire pour les consultations et prescriptions du médecin traitant et les soins assurés par les autres professionnels de santé de proximité.
Les syndicats interpellent désormais les futurs candidats à la présidentielle de 2017 afin qu'ils prennent position sur ce sujet.
Contre le renoncement aux soins
La suppression du ticket modérateur permettrait, selon les syndicats, d'améliorer l'accès aux soins primaires des populations les plus en difficulté, en facilitant la dispense totale d'avance de frais.
« Depuis 10 ans, il y a une dégradation de l'accès aux soins de santé : des personnes renoncent aux soins faute d’argent, explique le Dr Patrick Dubreil, président du SMG. Il faut peser sur la présidentielle pour que le principe de l'égalité aux soins soit défendu dans le débat politique », poursuit-il.
Selon les trois syndicats, la couverture maladie universelle (CMU) et l’aide à la complémentaire santé (ACS) ne couvrent pas la totalité de la population qui pourrait en bénéficier. « Ces dispositifs sont incomplets avec des effets de seuil, par exemple pour les travailleurs pauvres qui ne peuvent pas avoir la CMU mais en même temps ne gagnent pas assez pour se payer une mutuelle, pour eux et leur famille », continue le Dr Émilie Frelat, présidente du SNJMG.
L'exemple du régime d'Alsace-Moselle
Le Dr Claude Leicher, président de MG France, souhaite que la suppression du ticket modérateur s'accompagne « du transfert des cotisations aux complémentaires sur la couverture par l’AMO, ce qui en ferait une réforme neutre financièrement et qui aurait pour avantage de produire des économies de gestion ».
Et de citer en exemple le régime local d'Alsace-Moselle, adossé à la Sécurité sociale, où 90 % des soins de ville sont pris en charge par l'AMO. « Les cotisations salariales y sont plus importantes mais les gens ne paient pas de mutuelle à côté de cela », reprend le président du SMG. Le régime local est non déficitaire (le seul en France) grâce aux économies de gestion (les coûts de gestion sont de 1,2 % au lieu de 20 % en moyenne au sein des complémentaires, notamment dus à la recherche de clients).
« Il est temps d'avoir une réflexion sur l'utilisation des ressources collectives car nous sommes en train de sortir d'un système de santé pour entrer dans un marché », soutient le Dr Leicher.
Didier Tabuteau, conseiller d'État, et Aline Archimbaud, sénatrice EELV de la Seine-Saint-Denis ont accueilli favorablement la proposition. Les trois présidents de syndicats espèrent que les candidats de la future présidentielle en feront de même.
MG France demande depuis plusieurs mois le remboursement à 100 % par l'assurance-maladie des actes du médecin traitant.
Aujourd’hui, l’assurance-maladie prend en charge la consultation du médecin traitant de secteur I à hauteur de 70 % dans le cadre du parcours de soins (soit 16,10 euros moins un euro de franchise pour une consultation de généraliste à 23 euros).
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