M. SARKOZY a deux affaires sur les bras dont il aurait pu faire l’économie : le voyage de Michèle Alliot-Marie en Tunisie et la fronde des magistrats. À quoi s’ajoute le désordre que le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, sème dans la majorité en proposant des idées qui ont peut-être leur mérite mais lui servent surtout de faire-valoir face au Premier ministre, son concurrent direct à l’élection présidentielle de 2017 et, qui sait ? à celle de 2012 si, la baisse de popularité du chef de l’État aidant, la fonction était disponible pour un autre candidat de la droite.
Mensonge.
Le président n’est pas responsable de l’usage d’un jet privé en Tunisie par la ministre des Affaires étrangères. Le gouvernement et les élus de la majorité ont décidé de faire bloc autour de MAM. On ne peut guère les blâmer pour leur esprit de solidarité. Le problème est que le cas de MAM a été aggravé par les révélations du site du « Nouvel Observateur » selon lesquelles la ministre a utilisé le même avion pour se rendre à Tozeur et retourner à Tabarka. Son récit antérieur, axé sur une rencontre fortuite avec le propriétaire de l’appareil à l’aéroport de Tunis, n’était donc qu’un gros mensonge. Voilà donc une nouvelle affaire Woerth : le personnage public inspire de la sympathie et de la commisération mais les faits sont accablants et la démission devient un impératif catégorique, même si l’opposition qui, après avoir fait ses choux gras d’un « scandale » qu’elle a monté en épingle, s’empressera de mettre le départ de MAM au compte d’un désarroi durable du pouvoir.
Pour ce qui est de l’affront fait aux magistrats, François Fillon était fondé à dire que leur réaction aux menaces brandies par le président a été excessive. Ils font la grève quand ils n’ont absolument pas le droit de la faire ; leurs représentants syndicaux agissent en fonction de leurs convictions politiques alors qu’ils sont soumis au droit de réserve ; ils auraient pu trouver auprès du garde des sceaux, Michel Mercier, la sollicitude que ne leur accorde pas le chef de l’État qui ne cesse de les harceler depuis plus de trois ans ; ils ont des réflexes corporatistes qui donnent l’impression qu’ils se croient au-dessus de toute évaluation et de tout contrôle. Pour autant, M. Sarkozy avait-il un pressant besoin de les attaquer avec autant de force en cette période électorale ? On ne voit pas comment il pourrait attirer des voix supplémentaires d’électeurs s’il ne se pose en rassembleur de la nation, ce que, décidément, il ne saura jamais faire.
LE FIL CONDUCTEUR DE TOUS LES RATÉS, C’EST LA PHILOSOPHIE DU PAS VU, PAS PRIS
Ces erreurs, que des ministres chevronnés continuent à commettre, ce désordre au sommet du pouvoir et au sein de la majorité ont ridiculisé la prétention à un nouveau départ au lendemain du remaniement de novembre 2010. Ce qui semble condamner M. Sarkozy, ce n’est nullement sa ligne de pensée et c’est encore moins son programme. C’est un réformateur comme nous n’avons pas eu depuis au moins trente ans. Il a tenu bon pour les retraites et, en dépit du tollé national, nous continuons à l’approuver sur ce point ; les analyses qui minimisent son rôle à la présidence du G8 et du G20 cette année ne sont inspirées que par le souhait qu’il soit battu en 2012 ; il a contribué énormément à l’apaisement de la crise de l’euro : aujourd’hui les pays les plus menacés empruntent à des taux qui baissent, la chancelière allemande l’a rejoint sur l’idée d’une convergence des systèmes économiques et sociaux européens, l’axe franco-allemand, menacé il y a encore quelques semaines par la colère de nos voisins d’outre-Rhin, reprend de la vigueur. Ceux qui ne voient rien de positif dans la gestion des affaires par M. Sarkozy sont donc de parti-pris.
Mais les incidents de parcours du gouvernement renforcent le pronostic d’une décomposition du pouvoir. Il s’agirait d’une sorte de fatalité si, en observant les choses avec plus d’attention, on ne découvrait l’incapacité du président à se réformer lui-même. De sorte qu’il est conduit, en toute circonstance, à se répéter. Dans la fureur des juges, il y a le sentiment qu’ils sont ses boucs émissaires depuis qu’il est à l’Élysée ; dans la tactique grossière de répondre à l’indignation nationale par une surenchère sécuritaire, alors que la précédente surenchère n’a pas empêché le crime suivant, il y a comme une mauvaise recette culinaire ; dans les conflits d’intérêts ou les erreurs de jugement comme celui de MAM, on se demande si un fil conducteur, la philosophie du pas vu, pas pris, n’explique pas la multiplication des fautes.
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