Le Quotidien du médecin : Pourquoi avez-vous lancé la pétition contre la proposition de loi relative à l’autorité parentale ?
Dr Maurice Berger : Nous dénonçons la résidence alternée paritaire appliquée aux enfants de moins de 6 ans. Nous disposons d’une étude australienne (Mc Intosch, Kelaher, et Smith) portant sur 2 059 enfants qui en démontre les risques.
Pour les petits âgés de moins de 2 ans, des troubles apparaissent rapidement (1 ou 2 semaines) : troubles du sommeil, angoisses de la séparation, pleurs incessants, agressivité à l’égard des parents, ruptures de la pensée au cours de petites tâches... Nous n’arrivons pas à traiter ces troubles tant que la résidence alternée est en place : ils peuvent se poursuivre jusqu’à l’adolescence et l’âge adulte, sous forme d’angoisses persistantes, d’attaques de panique ou de dépression.
Chez les 3-6 ans, les troubles mettent plus de temps à apparaître (2 à 5 mois), à mesure que les enfants sont confrontés à la répétition des pertes des personnes et des lieux. On observe des sentiments dépressifs, d’extrême solitude ou d’insécurité, des atteintes dans l’estime de soi, des signes de syndromes traumatiques ou encore des détachements affectifs.
Nous dénonçons aussi la mise en place d’une résidence alternée en cas de conflit parental. L’enfant clive sa pensée, en évoluant dans deux mondes sans contact, et connaît une forme supplémentaire de discontinuité, au-delà de la perte des personnes et des lieux.
Dans l’exposé des motifs, la PPL indique qu’il « est mis fin au choix binaire devant être opéré entre la résidence alternée ou la résidence au domicile d’un seul des parents », en postulant le principe d’une domiciliation de l’enfant chez chacun des parents.
Cet article est écrit pour que les parents ne se sentent pas mis à l’écart, mais c’est une source de conflit, et un moyen de glisser vers la résidence alternée.
La PPL est un texte avec un faux nez, écrit par des pro-résidence alternée. On lit aussi dans l’exposé des motifs que l’enfant doit avoir des contacts réguliers et équilibrés avec ses parents et que « l’alternance des temps de résidence sera le principe ; et le juge ne fixera plus de droit de visite et d’hébergement du parent qui reçoit l’enfant pour une durée inférieure à l’autre ».
On a calculé que hors résidence alternée, un père peut avoir des contacts avec son enfant 117 jours, soit 30 % du temps. Demander plus, c’est vouloir la résidence alternée.
Que faudrait-il pour le bien de l’enfant ?
Il faudrait adopter un calendrier suffisamment progressif, comme celui de Brazelton, pertinent en cas de conflit. De 0 à 2 ans, période complexe où les besoins de sécurité changent sans cesse, l’enfant pourrait rencontrer son père plusieurs fois par semaine sans passer la nuit chez lui, puis une nuit serait introduite entre 2 et 4 ans et un week-end et une journée tous les quinze jours entre 4 et 6 ans.
En l’absence de conflit, ce calendrier est un point de départ à assouplir en fonction des réactions de l’enfant.
Il faut enfin récuser l’argumentaire des associations de pères qui demandent la résidence alternée prioritaire pour éviter le syndrome d’aliénation parentale. Ce concept vient de se voir refuser l’inscription au DSM 5 faute de critère précis pour le définir. Dans 81 % des cas où un enfant ne veut pas voir un parent, le contact se renoue spontanément. Dans les 19 % restant, les enfants ont des raisons valables pour refuser d’aller chez l’autre. Il faut les explorer, avant de judiciariser.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation