Maintien à domicile

Du bon usage des TIC pour la santé et l’autonomie

Publié le 01/02/2011
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Crédit photo : DR

« LES SENIORS sont plus technophiles qu’on ne le pense généralement. » Cinquante d’entre eux ont testé jusqu’en janvier un bouquet de services personnalisés sur tablette tactile (Samsung GalaxyTab) dans le cadre du projet Tél&Âge lancé par l’ex-secrétariat d’État à l’Économie numérique (portail Proxima Mobile). « La tablette tactile se révèle bien adaptée à la lecture avec des verres progressifs (plus qu’un écran vertical) et bénéficie du fameux effet Wahou (le cri lorsqu’on écarte les doigts pour zoomer !). Les seniors ont aimé la météo, les photos de leurs proches, un peu moins le pilulier conçu avec Vidal et qu’il faut rendre moins anxiogène. Mais ils préfèrent l’agenda papier » a expliqué récemment, lors d’un Mobile Monday de La Cantine**, Caroline Noublanche, fondatrice de Prylos, l’entreprise qui a porté le projet et continue à chercher de nouveaux contenus et partenaires. La tablette des seniors (celle-là ou une autre) est en bonne voie, pour peu qu’elle soit ergonomique et donne envie.

Living Lab.

Tous les sondages montrent la préférence des personnes pour leur maintien et leur prise en charge à domicile (d’où la récente mission Vivre chez soi). « Le domicile est d’abord un lieu de vie, il ne faut pas en faire une annexe de l’hôpital, a rappelé le Dr Antoine Vial, membre d’une commission de la Haute Autorité de santé, lors de la présentation d’un guide des TIC pour la santé et l’autonomie***, ce qui suppose d’apporter, en plus de l’assistance médicale, du lien social ». Les bonnes technologies, ce sont celles qui pallient les déficiences ou permettent la prise en main à distance de problèmes médicaux. Mais, « encore trop souvent, souligne Étienne Caniard, le nouveau président de la fédération nationale de la Mutualité française, qui a préfacé le guide, les technologies s’imposent dans des processus humains sans tenir compte des habitudes, du mode de vie et des aspirations de chacun ». D’où l’intérêt d’utiliser le concept de « Living Lab », selon lequel l’analyse des besoins de l’individu est un préalable qui fonde le projet de maintien à domicile.

Ce qui est proposé aux personnes dépendantes (800 000 actuellement, 1,2 million en 2040), c’est en effet un projet de vie. Qui met en jeu de multiples acteurs – repas à domicile, adaptation de l’habitat, hôpital (où la personne fait des allers et retours), téléalarme, professionnels de santé, famille ou tuteur…. C’est un maquis de dossiers et d’intervenants. Le maintien à domicile exige un minimum de coordination.

Les agences régionales de santé s’y emploient, cultivant le champ du médico-social dans les territoires de santé, ce qui impose de nouveau découpage. L’ANAP (Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux) a établi un tableau de bord pour fédérer les acteurs (35 000 établissements et services) autour d’un outil commun. Tandis que l’ASIP Santé (Agence des systèmes d’information partagés en santé) travaille à la réglementation et aux normes d’interopérabilité entre les logiciels déployés et entre les plate-formes de services. Le SNITEM (Syndicat national de l’industrie des technologies médicales) termine la mise au point de recommandations concernant les dispositifs médicaux communicants. Installé à Nice, le centre national de référence « Santé à domicile et autonomie », présidé par le Pr Alain Franco, met au point des outils et des méthodes d’évaluation.

Consommateur-acteur.

Pour son guide, le CGIET (Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies) a exploité les résultats des appels à projets de ces dernières années concernant les aides à domiciles « Nous avons cherché à construire un modèle d’affaire qui permette l’émergence industrielle du secteur » explique Robert Picard, référent santé du CGIET. L’importance du marché n’est plus à souligner, si l’on ajoute à la dépendance les 15 millions de personnes atteintes de maladies chroniques. Le guide analyse quelques cas concrets de projets, comme Y-DOM, de la société Prylos, qui permet de gérer les équipes d’intervenants sur un smartphone, ou encore le réseau RéVAD pour la région Île-de-France, visant à fédérer les personnes âgées (270 000 concernées) autour de la thématique du bien-être, en misant sur l’émergence d’un consommateur acteur, acheteur de services dans une logique d’économie de marché.

Le colloque du 1er février* va présenter notamment des projets de télémédecine : Respir@dom, pour le suivi à distance du traitement de patient atteint d’un syndrome d’apnées du sommeil, et Vigisanté, qui commence son déploiement dans le Nord-Pas de Calais pour dépister et suivre à domicile des personnes hypertendues en relation avec les médecins traitants. Les projets ne manquent pas.

*« Développer les usages des TIC pour la santé à domicile », organisé par le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, 1er février, Paris-Bercy. « Technologies numériques et pratiques innovantes au service d’une santé participative », organisé par FormaTICSanté et Télécom ParisTech (payant), 8 et 9 février, Paris-Télécom ParisTech.

** Lieu de rencontres techno du Silicon Sentier

*** « Des TIC pour la santé et l’autonomie, guide méthodologique à l’usage des investisseurs, maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage », 200 euros, achat en ligne sur www.ticetsante.fr

MARIE-FRANÇOISE DE PANGE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8897