« Fermer les écoles, c’est la dernière mesure à prendre, quand toutes les autres ont échoué. » Alors que le gouvernement vient de décider la fermeture des classes dès le premier cas de Covid, de la maternelle au lycée, la Société française de pédiatrie (SFP), la Société française de pédiatrie médico-légale (SFPML), le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) et le Conseil national professionnel de pédiatrie (CNPP) rappellent les arguments qui, à leurs yeux, font de cette option la dernière à choisir. Et proposent des mesures qui pourraient éviter d’arriver à cet extrême.
La fermeture des écoles serait lourde de conséquences pour les plus jeunes, sans pour autant s’avérer très efficace pour endiguer la dynamique épidémique, font valoir les sociétés savantes. « C’est accepter que des enfants subissent à nouveau des violences intrafamiliales, c’est creuser les inégalités sociales, c’est aggraver la détresse et la santé mentale d’une population déjà très affectée par cette crise sanitaire », écrivent la Pr Christèle Gras-Le Guen (SFP), le Pr Robert Cohen (GPIP et CNPP) et la Dr Martine Balençon (SFPML). En écho à la crainte des réanimateurs de trier les patients, les pédiatres déplorent devoir eux aussi « trier tous les jours les enfants suicidaires les plus inquiétants, incapables de répondre à toutes les demandes de soins psychiatriques ».
Face à ces risques, le bénéfice d’une fermeture des écoles apparaît ténu, en termes épidémiologiques, affirment les sociétés savantes. « L’augmentation des contaminations est le reflet et non la cause d’une circulation plus intense du virus en population générale », assurent-elles, rejoignant en cela l’avis du Conseil scientifique daté du 11 mars. En outre, les transmissions intrascolaires ne constituent qu’une infime minorité des contaminations et la fermeture des écoles ne saurait être le levier principal pour bloquer la chaîne de transmission, est-il ajouté.
Tester les enfants et vacciner les enseignants
Les pédiatres proposent de tester largement les enfants à l’école par tests salivaires et d’isoler les enfants positifs − ce qui n’a jamais été fait, selon l’épidémiologiste Dominique Costagliola. « Les données de ces dépistages gagneraient à être centralisées et analysées en temps réel », précisent-ils. En parallèle, enseignants et professionnels de l’enfance devraient être massivement vaccinés.
Si des fermetures doivent être envisagées dans les régions à forte circulation virale, il faudrait commencer par les collèges et les lycées eu égard à l’effet âge. A contrario, les PMI et lieux d’accueils socio-éducatifs devraient rester ouverts pour accueillir les enfants des familles qui dysfonctionnent, plaident-ils.
L’anticipation des vacances scolaires « pourrait être acceptable si les autres mesures majeures y sont assorties (réel confinement du reste de la population) », poursuivent les spécialistes.
Ils suggèrent d’inclure dans les indicateurs quotidiens de la pandémie les chiffres reflétant l’état de santé des enfants (nombre d’admissions aux urgences pour détresse psychologique, nombre de tentatives de suicide avant 18 ans…). Et appellent enfin à la solidarité intergénérationnelle et au civisme pour protéger la jeunesse aussi bien que les aînés.
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