UNE ÉTUDE menée en 2009 au niveau européen pour évaluer la qualité de la prise en charge des syndromes coronariens a fait apparaître une très grande disparité entre les pays, disparité indépendante du PIB. Ce sont les pays où la méthode de prise en charge dominante était l’angioplastie primaire (versus la thrombolyse) qui avaient les meilleurs taux de revascularisation. Face à ce constat, l’European Association of Percutaneous cardiovascular Interventions (EAPCI) a pris l’initiative de lancer le projet Stent of Life dans 6 pays pilotes, dont la France, où les taux d’angioplasties primaires étaient inférieurs à 300 par million d’habitants. Rebaptisée en France « Infarctus : la course pour la vie », l’étude a pour buts la compréhension des disparités de prise en charge de l’IDM dans les différents pays, son amélioration, la réduction des délais de prise en charge des patients et la réduction de la morbimortalité des patients souffrant d’un IDM.
Au niveau français, l’étude coordonnée par le Pr Martine Girard (Brest) a été mise en place durant le mois de novembre 2010. Dans un registre, ont été répertoriées les modalités de prise en charge au cours des premières heures de tous les patients présentant un IDM dans 5 départements pilotes (Côte-d’Or, Haute-Garonne, Nord, Haute-Savoie, Essonne).
L’appel au 15 négligé.
La douleur thoracique, signe révélateur de l’infarctus, est ressentie dans 93,5 % des cas mais ne conduit à un appel téléphonique que dans 71,1 % des cas. Le bon réflexe, c’est-à-dire l’appel du 15, n’est pas entré dans les mœurs, puisqu’il n’est utilisé que dans 49 % des cas et que le SAMU/SMUR est le premier intervenant dans moins de la moitié des cas : 22,9 % des patients sont d’abord pris en charge médicalement par l’accueil des urgences, 18,8 % par le médecin généraliste, SOS médecins ou le cardiologue et 14,6 % par les pompiers.
Dans plus de deux-tiers des cas, une angioplastie primaire, traitement de choix de l’IDM, est pratiquée, un quart des patients ont une thrombolyse et… 14 % ne bénéficient d’aucune de ces techniques de perfusion ! Autres enseignements de cette étude française, le délai médian entre les symptômes et le premier contact médical est inférieur à 2 heures et, dans près de trois-quarts des cas (70,9 %), l’hospitalisation initiale est réalisée dans un centre avec un plateau de cardiologie interventionnelle où l’angioplastie primaire est la technique de revascularisation utilisée dans 2/3 des cas. On relève également de grandes différences dans les délais de prise en charge selon que le patient est admis en direct dans un centre de cardiologie interventionnelle ou qu’il passe par un centre périphérique : le délai entre la première intervention médicale et l’angioplastie primaire est plus que doublé (97 min contre 227 min), sachant que les recommandations européennes suggèrent un délai n’excédant pas 120 minutes, et le nombre de patients non perfusés augmente dans cette configuration (24,6 %).
Enfin, autre constat, les mesures préventives du risque d’IDM sont très négligées, puisque l’HTA, le tabagisme actif sont observés dans 45 % des cas et que 20,8 % des patients victimes d’IDM sont obèses (IMC supérieur à 30).
Au vu de ces résultats, une large campagne d’information et de sensibilisation (lettre explicative, brochure patient, affiche salle d’attente, annonce presse...) sera lancée début avril dans les départements pilotes tant auprès des professionnels de santé que vers le grand public, pour les sensibiliser aux bons réflexes à adopter face à un IDM, le message clé étant « appeler le 15 », afin de réduire les délais de prise en charge conditionnant la survie du patient.
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